No Billag: Une jeune PLR face à une conseillère nationale socialiste

La campagne sur l'initiative semble être un peu retombée. Est-ce l'effet du dernier sondage, réalisé par Tamedia (éditeur de la Tribune de Genève) et rendu public le 19 janvier (www.NoBillag.tdg.ch), lequel indique que seuls 40% des citoyens suisses soutiennent le projet? Nous publions ci-dessous deux points de vue pour ou contre l'initiative, ceux de Louise Morand, vice-présidente des Jeunes PLR genevois et de Laurence Fehlmann Rielle, conseillère nationale PS . Elle vise à supprimer la redevance obligatoire qui finance pour trois quarts la Société suisse de radiodiffusion (SSR) et partiellement la plupart des petites radios et télévisions régionales en Suisse. Verdict du peuple et des cantons le 4 mars.
La liberté ne m'effraie pas
Louise Morand, vice-présidente des Jeunes PLR genevois
Aujourd'hui, si je m'engage pour l'initiative No Billag, c'est parce que j'ai confiance. Tant pis si je me mets à dos ceux qui auraient pu me permettre un futur en politique. Je ne me tairai pas. Actuellement, les Suisses choisissent leur nourriture, leur formation, leurs législateurs, mais pas leurs médias audiovisuels. Comment peut-on estimer que la population est incapable de choisir ses médias, alors qu'on lui permet de faire des choix vitaux pour l'avenir de notre pays?
Non, nous n'avons pas tous les mêmes envies. Certains préfèrent bouquiner, d'autres regarder le dernier Temps Présent, ou encore s'enthousiasmer pour Danse avec les Stars. Grand bien leur fasse! Ça n'est pas à moi, ou à quiconque d'autre, de vous forcer à financer les loisirs d'un autre. Les radios et télévisions suisses font un travail superbe, cependant elles ne sont pas les seules à proposer de l'information (la presse écrite?) ou du divertissement (Netflix? Spotify?). Pourtant, seuls les médias audiovisuels touchent une rente. Qu'on en use ou non. Les jeunes regardent par ailleurs de moins en moins la télévision. Nous préférons utiliser d'autres supports plus adaptés à nos envies.
Je comprends que la transition fasse peur. Mais l'ancien modèle a vécu. Il est temps de le remplacer. Il date d'une époque où la seule possibilité d'avoir la télévision était par le biais d'un financement étatique. Est-ce vraiment encore le cas aujourd'hui? Avec Internet, on peut contrôler qui consomme quoi. Les producteurs peuvent donc restreindre l'accès et le consommateur peut cibler ses envies. Il existe une multitude de plans B. Pas plus tard que la semaine dernière, des députés valaisans ont proposé un abonnement cantonal de 7 francs par mois pour les radios et télévisions locales sur le modèle du consentement présumé. Tout ménage ne voulant pas d'un tel abonnement pourrait y renoncer et donc ne rien payer. On ne peut prédire avec certitude ce que la population fera une fois sa liberté retrouvée. Mais on ne peut pas non plus prévoir ce qui se passera en cas de non. Il n'y a aucune garantie de changement, aucune garantie que ce pour quoi on vous oblige à payer sera de qualité. La seule certitude, c'est que vous passerez à la caisse.
Cette campagne est menée par des jeunes. Enfin, on s'intéresse à ce que nous pouvons penser. On nous reproche notre âge, notre inexpérience, notre ambition. Certes. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas le droit d'avoir des idées légitimes et de nous battre pour elles. À ce vieux système qui veut nous faire taire, nous répliquons: le monde de demain, nous le vivrons.
L'initiative qui menace la démocratie
Laurence Fehlmann Rielle, conseillère nationale PS
Rappelons que l'initiative dite «No Billag» veut abolir la redevance audiovisuelle attribuée à la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision) et aux radios et télévisions régionales.
La redevance audiovisuelle assure l'existence de 60 chaînes de radio et TV sur l'ensemble de la Suisse, dont 19 en Suisse romande. Elle représente 13 500 emplois en Suisse, dont 4000 en Suisse romande. Trois mille entreprises suisses bénéficient des retombées économiques liées à la redevance.
Malgré le titre de l'initiative, il ne faut pas se focaliser sur Billag, l'entreprise qui a été chargée de récolter cette redevance et qui s'est mis à dos de nombreuses personnes par ses procédures intrusives. Le véritable enjeu, c'est la disparition d'une information de qualité, accessible à toutes les régions de notre pays dont on connaît la grande diversité culturelle et linguistique. Supprimer la redevance, c'est se tirer une balle non pas dans le pied, mais en plein cœur, celui de notre démocratie pluraliste.
La redevance est jugée trop onéreuse par un certain nombre de personnes: soulignons qu'elle va passer à 365 fr. par année, soit un franc par jour et par foyer à partir de 2019. Certes, cela reste un montant important pour les revenus très modestes. Néanmoins, les prestations complémentaires prennent en charge la redevance. Pour ce prix, on pourra continuer à regarder ses films préférés, suivre les événements sportifs, écouter les informations, apprécier des documentaires ou autre émission culturelle.
Les initiants affirment qu'il est injuste que tout le monde paye la même redevance alors que les besoins d'information et les supports utilisés varient selon les personnes. Néanmoins, la grande majorité des habitants qui veulent s'informer et prendre part à la vie sociale vont acheter des prestations audiovisuelles. Or, si l'on prévoit le prix d'un abonnement de base avec des compléments d'émissions sur des plates-formes comme Google ou Netflix, il y a fort à parier que la facture sera plus salée que celle de la future redevance. En s'attaquant à la SSR, les initiants vont laisser le champ libre aux grandes chaînes privées françaises, allemandes et italiennes qui n'attendent que le moment de prendre le relais pour encaisser la manne publicitaire suisse sans réelle contrepartie.
La suppression de la redevance entraînerait une cascade de conséquences qui dépassent la seule question de son coût, avec une atteinte irrémédiable à la production culturelle suisse et la suppression de nombreux événements sportifs faute de médias pour les relayer et de sponsors pour les soutenir.
Certes, la SSR doit régulièrement revoir son fonctionnement et poursuivre sa réflexion avec la société civile et les politiques pour renforcer le service public. Mais sans redevance, le débat sera définitivement clos.
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