En ces temps d’instabilité grandissante, après deux ans de pandémie et une guerre aux portes de l’Europe, se demander quels biens sont les plus précieux est plus que légitime. Le sol en fait sûrement partie: il est non extensible, limité et indispensable à la vie sur terre pour les humains, pour la nature, l’environnement et la biodiversité.
Dans un petit pays comme la Suisse, dont une grande partie de sa surface est «inutilisable» car rocheuse et montagnarde, chaque mètre carré de sol est précieux et doit impérativement être préservé. Il est effarant d’entendre que chaque seconde, en Suisse, un mètre carré de notre terre disparaît sous le béton! Il s’agit d’une perte irréversible pour notre bien-être, notre alimentation, et pour la nature.
Cette semaine est cruciale pour la protection de l’environnement et des sols. En effet, nos parlementaires au Conseil des États seront chargés de délibérer sur l’Initiative paysage. La commission chargée de l’évaluation de l’initiative propose au plénum de la rejeter. Elle propose par ailleurs une révision de la loi sur l’aménagement du territoire qui est censée résoudre le problème des constructions hors zone à bâtir. N’est-il pas surprenant que la commission ne lie pas cette révision avec l’initiative, en proposant un contre-projet indirect? Pourtant, l’initiative promet elle aussi de protéger nos terres de la construction effrénée hors zone à bâtir.
«Il est effarant d’entendre que chaque seconde, en Suisse, un mètre carré de notre terre disparaît sous le béton!»
L’initiative ne souhaite pas tout interdire, au contraire. Elle cherche simplement à limiter de manière rationnelle le boom de la construction hors zone à bâtir. L’indispensable à l’agriculture ainsi que les constructions liées au site seront bien entendu toujours permis. C’est le message principal de l’initiative: pas de surplus de bâti inutile, mais le nécessaire pour une utilisation rationnelle du sol.
En revanche, la loi fédérale actuellement en vigueur permet le bétonnage de nos campagnes, trop souvent pour des intérêts personnels et limités dans le temps, pour des constructions qui auraient tout aussi bien pu se faire en zone à bâtir. Ceci implique le mitage de notre territoire, ayant des conséquences désastreuses sur notre faune et notre besoin de paysages intacts. La nouvelle proposition de loi a du positif, elle reprend la proposition principale de l’Initiative paysage: l’introduction de l’objectif de stabilisation du nombre de bâtiments hors zone à bâtir. Il est très réjouissant de constater que les inquiétudes portées par l’initiative sont partagées par la commission. Il convient cependant de mettre en place des mesures et des instruments adéquats pour la concrétisation de l’objectif de stabilisation, de refuser les exceptions voulues par certains et surtout de ne pas en ajouter de nouvelles. La proposition telle quelle qui sera discutée dans la Chambre haute n’est pas parfaite mais est déjà un bon début de compromis. […]
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L’invitée – Ne pas laisser nos terres disparaître sous le béton