Stagiaire dans un foyer pour personnes âgées, l’espace de deux jours: en tant que coresponsable du domaine des soins au syndicat Unia, j’ai voulu mieux comprendre le quotidien des soignant·e·s en travaillant à leurs côtés. Je suis sorti de cette expérience convaincu que des soins humains, axés sur la qualité de vie des résident·e·s et sur des conditions de travail décentes pour le personnel, sont possibles!
J’ai poussé la porte du Centro Sociale Onsernonese (CSO), une institution tessinoise pour personnes âgées, le 27 mars dernier. J’ai enfilé ma blouse et mon masque pour deux jours de stage.
Cette expérience fut très intense et enrichissante. Elle m’a permis de me rendre compte de la complexité de la gestion d’un EMS, et surtout de découvrir le travail exceptionnel accompli par les soignant·e·s, qui impose un investissement personnel et une implication totale.
«Le Conseil fédéral tarde à appliquer l’initiative sur les soins approuvée par le peuple suisse.»
J’ai suivi mes «collègues» à plusieurs moments de la journée: préparation et administration des médicaments et des repas, transmissions lors des changements d’équipe, relations thérapeutiques et contacts avec les patient·e·s. Ceux-ci m’ont accueilli avec une gentillesse émouvante, comme si j’étais un employé ordinaire. Ces moments m’ont confirmé l’importance de l’écoute, du dialogue, de l’interaction permanente et de la valorisation de chaque résident·e.
Cet EMS est de taille modeste, situé dans une zone périphérique. Il prend des initiatives originales, comme l’accueil d’animaux ou l’organisation de vacances à la mer pour les résident·e·s. Mais ce modèle est exportable. Bien sûr, cela nécessiterait des changements dans le système de financement de ces établissements. L’ensemble du domaine de la santé devrait viser la qualité de vie et le bien-être des personnes plutôt que le profit. De nos jours, c’est rarement le cas.
Les conditions de travail dans les soins sont souvent à la limite du supportable et il existe une pénurie constante de personnel. L’expérience et les compétences ne sont pas valorisées, la gestion est imposée d’en haut, l’approche est économique et les compétences sociales manquent au niveau de la direction. Ces problèmes compromettent la qualité des soins.
Quelques jours après la Journée internationale des soins du 12 mai, avec le personnel de ce secteur, nous sonnons l’alarme et demandons la mise en œuvre de cinq mesures d’urgence. En effet, le Conseil fédéral tarde à appliquer l’initiative sur les soins approuvée par le peuple suisse le 27 novembre 2021. Les cantons freinent aussi. En même temps, nous avançons dans les préparatifs de la Grève des femmes dans les soins, pour le 14 juin prochain. Dans ce secteur, ce sont en effet surtout des femmes qui sont actives. Elles réclament d’urgence du respect pour leur travail, du temps et de l’argent! Mon expérience tessinoise me l’a confirmé: des soins de qualité sont à ce prix.
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L’invité – Mon expérience d’immersion dans un EMS