Parlons d’un temps que les algorithmes d’Amazon n’ont pas connu. Ni ceux de Deezer et Spotify, puisqu’il s’agit ici de musique.
En revanche, il y avait déjà le train. C’était en 1971. Philippe Munger, alors âgé de 18 ans, descend comme on dit vers Genève, quittant le giron familial à Lausanne. Ce qu’il découvre au bout du lac, outre l’ambiance laborieuse de l’apprentissage, c’est un monde de musique.
Pour trouver celle qui lui plaît, pas de smartphone. Pas il y a cinquante ans. Mais des gens, en chair et en os derrière leur comptoir. «Vous voulez vraiment ce disque? L’enregistrement est catastrophique. Essayez plutôt cela!»
Du conseil client à portée de voix? La méthode d’antan possédait ce quelque chose d’humainement fragile, à même de susciter les passions.
Du conseil client à portée de voix. On dira de la méthode d’antan qu’elle possédait ce quelque chose d’humainement fragile, seule à même de susciter jusqu’aux passions les plus folles.
Philippe Munger a grandi. Sa passion aussi. Un jour, il s’est retrouvé derrière ce même comptoir, dans ce même magasin de disques avec un nom d’autrefois.
Disco-Club avait ouvert il y a 65 ans. L’enseigne ferme à la fin du mois. Philippe Munger, lui, a bientôt 70 ans. Et il sourit. «Conseiller les clients, c’était en somme les prémices de l’algorithme.» En plus lent, plus subjectif aussi. Plus risqué en somme? Mais tellement plus humain.
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Édito – Un commerce disparaît – Mon disquaire n’a pas de smartphone
Fondé en 1958 par Alain Dubuis, Disco-Club ferme à la fin du mois. Depuis 2003, Philippe Munger menait les destinées du magasin spécialisé dans le jazz et les musiques du monde.