Pour la première fois, l’Union européenne financera l’achat et la livraison d’armes à un pays en guerre. Même «tournant historique» en Suède, qui rompt avec sa doctrine en vigueur depuis 1939. Tout comme l’Allemagne, qui armera l’Ukraine et renforcera sa propre défense, sous-dotée depuis des années. Face au retour de la guerre sur le continent, et à un dirigeant russe qui n’hésite pas à brandir la menace de frappes nucléaires, les Européens prennent conscience de leur vulnérabilité.
Car, après l’Ukraine, à qui le tour? S’il parvient à renverser le régime ukrainien, Vladimir Poutine pourrait mettre au pas la Géorgie ou la Moldavie, dont les présidentes ne cachent pas leur orientation proeuropéenne et anti-Kremlin. Ces deux pays n’étant pas membres de l’OTAN, les Européens et Américains n’interviendront pas militairement. Mais que se passera-t-il si Moscou attaque les pays Baltes, la Pologne ou la Roumanie, membres de l’Alliance atlantique? Le scénario du pire pour l’OTAN, qui serait alors contrainte de voler à leur secours, en vertu de l’article 5 de la Charte de l’Alliance.
«Quel prix les Européens sont-ils prêts à payer pour défendre leurs démocraties?»
En quelques jours, le scénario d’un affrontement armé entre Occidentaux et Russes, classé depuis la fin de la guerre froide dans les oubliettes du vingtième siècle, est devenu plausible, tant Vladimir Poutine semble prêt à tout pour parvenir à ses fins. Or, quel prix les Européens sont-ils prêts à payer pour défendre leurs démocraties? Mourir pour Vilnius ou Riga? Accepter les conséquences économiques des sanctions contre Moscou? Les marées jaune et bleu qui défilent dans les capitales en solidarité avec l’Ukraine pourraient bientôt être remplacées par d’autres foules, hostiles à la flambée de leurs factures de gaz ou d’essence. Du sort des Ukrainiens dépend celui de l’ensemble des Européens.
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Éditorial – Menace russe: à qui le tour?
Les Européens renforcent leurs livraisons d’armes à l’Ukraine, une façon d’affermir leur propre sécurité face à l’imprévisible Vladimir Poutine.