Littérature romandeMélanie Richoz, ou la naissance d’une mère
La Fribourgeoise évoque dans «Apollo» le bonheur mais aussi les bouleversements de l’arrivée d’un enfant.

«Apollo» raconte l’enfant qui arrive telle une fusée, mais aussi la naissance d’une mère. Dans son dernier livre, la Fribourgeoise Mélanie Richoz esquisse avec délicatesse ce monde nouveau qui surgit, propulsant les parents sur une autre planète. Face à cette expérience aussi intime que très largement partagée, l’auteure aurait pu avoir peur, mais elle ne craint pas les thèmes délicats. Pour aborder l’autisme dans «J’ai tué papa», elle avait puisé dans son expérience d’ergothérapeute. Pour ce texte, elle s’est tenue au plus près de son expérience de maman. Adepte des formes brèves, elle déroule le miracle de la vie par petites touches, dans un récit poétique qui dialogue avec les douces esquisses de l’illustratrice d’origine japonaise Kotimi.
Corps de femme, tête de mère
Le récit démarre avec la fusion étonnée des premiers jours et la transformation de la femme en «koala épuisé qui dort, encore et encore, sur la branche de la maternité». Mais le ravissement l’emporte sur l’extrême fatigue. Au point que si la narratrice avait pu choisir comme nom «un plaisir de grossesse», elle aurait appelé son fils Apollo, car il lui a décroché la lune.
«J’ai perdu 5 kilos, 8, 10, 12, 15, 16. Personne n’a remarqué, tout le monde te regarde, moi la première»
Une joie immense qui n’élude pas les changements du corps, des plus immédiats comme le lait qui suinte jusque sur les vêtements, à ceux qui peuvent survenir plusieurs mois après l’accouchement: «J’ai perdu 5 kilos, 8, 10, 12, 15, 16. Personne n’a remarqué, tout le monde te regarde, moi la première.» Puis le repos de la guerrière: «Tu dors dans ta chambre, je fais mes nuits.» Ou encore le couple en perte de repères: le mari devenu père qui regarde sa compagne différemment, elle qui se demande où se cache la femme derrière la mère.
Entre sorties à trois, premiers pas du «petit garçon» devenu «le fils», retrouvailles charnelles avec l’homme aimé, les jours se déroulent en instantanés qui oscillent de la prose poétique au haïku. Ces mots qui semblent écrits pour être dits font écho à l’intérêt de l’auteure pour le slam. Voilà qui tombe bien, elle les portera sur la scène de La Coquette, à Morges, ce dimanche 6 septembre. À entendre ou à lire, un court opus pour se réjouir, se reconnaître ou se rappeler ces moments de vie si particuliers.
«Apollo», Mélanie Richoz, Éd. Slatkine, 114 p.

Mélanie Richoz sera au Livre sur les quais pour une lecture-performance avec Kotimi et mise en musique par Patrick Dufresne, di à 17h, La Coquette. Inscription obligatoire sur www.lelivresurlesquais.ch
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