Une page d’histoire de Lancy racontéeMélanie Chappuis fait journal commun avec une Lancéenne de 1815
Dans «Journal inventé 1815-1816», Madame Pictet-de Rochemont reprend vie en 83 pages.

Le nom de Pictet de Rochemont est connu de tous les Genevois. Une rue importante du quartier des Eaux-Vives s’appelle ainsi. En haut de la rampe de la Treille, la statue en bronze de Charles Pictet-de Rochemont assure la présence du grand diplomate pour longtemps encore. Il y est représenté en pied, rare privilège partagé seulement avec Philibert Berthelier, les réformateurs, Michel Servet et le général Dufour.
Pictet-de Rochemont, agronome devenu diplomate sur le tard, est une figure marquante de l’histoire de la formation des frontières cantonales au début du XIXe siècle. Sa femme, elle, n’a jamais intéressé les biographes. Née de Rochemont, elle est la mère de sept enfants et l’âme de la grande maison devenue la mairie de Lancy, où ce couple heureux habitait.
Adélaïde Sara Pictet-de-Rochemont
Une vieille maison, une femme distinguée, il n’en fallait pas davantage pour décider Mélanie Chappuis à s’intéresser à Adélaïde Sara Pictet-de Rochemont. L’Association Lancy d’Autrefois l’y a encouragée en lui confiant la rédaction de ce qui est devenu le «Journal inventé» de cette Lancéenne née en 1767 et morte en 1830.
Auteure en 2016 de «Un thé avec mes chères fantômes», Mélanie Chappuis y ranimait le souvenir d’une femme de lettres ayant vécu au XIXe siècle dans la maison de campagne qu’elle-même habitait 150 ans plus tard. Sa curiosité pour le passé et son envie de percer le mystère de figures féminines peu documentées a mené Mélanie Chappuis sur les traces d’une nouvelle amie fantôme. Grâce à des lettres conservées à la Bibliothèque de Genève (BGE) a pu se rapprocher de cette épouse et mère issue du XVIIIe siècle, sœur d’un fusillé de 1794 pendant la Terreur genevoise.

Guidée par un membre du conseil de la Fondation des archives de la famille Pictet, Mélanie Chappuis est entrée dans le milieu du patriciat genevois à travers le déchiffrage d’écritures d’un autre âge. Elle a senti son regard se brouiller face à l’enchevêtrement des caractères, quand faute de papier la même page est écrite et récrite jusqu’à former un quadrillage quasi impénétrable. Elle-même s’est glissée dans ce journal inventé, ne craignant pas le choc des époques et l’anachronisme de sa présence auprès de Madame Pictet-de Rochemont.
L’exercice est téméraire et fera grincer des dents les historiens purs et durs. Ce n’est pas non plus de la littérature à proprement parler, mais plutôt un essai de dialogue entre les époques et l’occasion de parler d’une femme plutôt que de son grand homme.
«Journal inventé 1815-1816 Adélaïde Sara Pictet-de Rochemont» par Mélanie Chappuis, Éd. des Communes Réunies, 83 pages.
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