Soupçons de harcèlement en FranceMe Antoine Vey visé par une enquête de l’ordre des avocats de Paris
L’avocat et ancien associé d’Eric Dupond-Moretti, est accusé par le quotidien Libération de harcèlement moral et sexuel. Une longue enquête a été publiée jeudi.

L’avocat Antoine Vey, ancien associé d’Eric Dupond-Moretti, est visé par une enquête de l’ordre des avocats de Paris après des accusations de harcèlement moral ou sexuel provenant de collaborateurs, a appris l’AFP jeudi de source proche du dossier, confirmant une information de Libération.
«Je ne peux laisser proférer de telles allégations. Je les démens et établirai les faits» a répondu l’intéressé, sollicité par l’AFP.
«Je concède être un avocat exigeant, parce que nous intervenons dans un cadre où nous devons à nos clients un total engagement, une forte disponibilité et la protection de leurs intérêts», a ajouté Me Vey.
«J’attends d’avoir rapidement l’opportunité de m’en expliquer devant le conseil de l’Ordre, dans la sérénité et le contradictoire. Je dénonce les méthodes choquantes employées», a encore indiqué celui qui était associé depuis 2016 d’Eric Dupond-Moretti avant l’arrivée de celui-ci à la tête du Ministère de la justice en juillet 2020.
Une vingtaine de témoignages
Dans une longue enquête publiée jeudi, le quotidien Libération assure avoir rassemblé une vingtaine de témoignages sur le comportement de l’avocat au sein de son cabinet, présenté comme «un tourbillon de moqueries, de brimades, d’injonctions – très souvent contradictoires -, d’humiliations.»
Le quotidien évoque aussi du harcèlement sexuel et notamment des «mains sur les cuisses imposées» à une ex-collaboratrice. Ces «comportements ont sapé la confiance professionnelle et fragilisé la santé» des victimes, d’après Libération. Le quotidien évoque des démissions, une procédure aux prud’hommes en cours, une possible procédure pénale à venir.
Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP que l’Ordre des avocats de Paris avait ouvert de son côté, en janvier, une enquête déontologique suite à plusieurs signalements, et a déjà entendu huit personnes, d’autres restants à entendre.

Cette procédure, qui peut durer de nombreux mois, peut déboucher in fine sur l’ouverture d’une éventuelle procédure disciplinaire qui peut aboutir à des sanctions, par exemple une interdiction d’exercer.
D’après certains des témoignages produits par Libération, Eric Dupond-Moretti était au courant des accusations visant son associé, mais n’a pas réagi. Sollicité par l’AFP, son entourage n’a souhaité faire «aucun commentaire».
Les enquêteurs déontologiques pourraient demander à l’entendre, selon le quotidien, une information confirmée par la source proche du dossier.
Aux termes d’un décret de déport pour prévenir d’éventuels conflits d’intérêts, le Garde des Sceaux a interdiction d’avoir des remontées d’informations sur des dossiers qu’il avait eu à connaître en tant qu’avocat ou dont son ancien associé a la charge.
Le barreau de Paris, qui réunit de nombreux cabinets d’affaire prestigieux, a créé en 2015 une commission dédiée à la question du harcèlement.
«Depuis le début de mon mandat et jusqu’à son terme, j’entends appliquer une politique de tolérance zéro en matière disciplinaire» sur ces questions, a indiqué le 24 mars à l’AFP la bâtonnière de Paris Julie Couturier.
Récemment, deux avocats renommés de la capitale, Me Emmanuel Pierrat et Me Pascal Agboyibor, ont été condamnés en appel à un an interdiction d’exercer, ferme pour le premier, avec sursis pour le second, après des accusations de harcèlement.
AFP
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