Mauro Carraro: «J'avais un chagrin d'amour et deux mois de vacances»
Le réalisateur genevois avait raconté son pèlerinage vers Saint-Jacques dans un court métrage d'animation, «Hasta Santiago».
Le chemin de Compostelle, Mauro Carraro l'a arpenté en 2009, au départ d'Arles. Le réalisateur genevois d'origine italienne en a tiré un court-métrage d'animation en 2013, «Hasta Santiago», pour lequel il obtient une quinzaine de récompenses internationales, notamment le Prix de la première œuvre du Festival international d'animation d'Annecy. «J'étais étudiant à l'école d'animation d'Arles, nous raconte Mauro Carraro. Je voyais souvent passer des pèlerins, et je discutais un peu avec eux. J'ai décidé en une semaine que j'allais partir à mon tour. C'était facile, il n'y avait pas de train à prendre, il me fallait simplement suivre le chemin qui partait de la ville. Les vacances d'été venaient d'arriver, c'était peut-être la dernière fois que je pouvais prendre deux mois off. Et puis j'avais un petit chagrin d'amour à digérer. Par ailleurs, j'en avais un peu marre de la société, d'être toujours entouré de gens.»
Il se souvient avec plaisir de ses compagnons de route: «On croise des gens formidables et absurdes, avec des histoires souvent atypiques. Ça m'a beaucoup inspiré pour mon court-métrage.»
Son meilleur souvenir? «C'était en Espagne, dans un village fantôme, inhabité si ce n'est un gîte pour pèlerins. Il y avait des étendues d'argile boueuse, utilisée dans les soins de la peau. On était quatre, on s'est immergés dedans, on s'est massés, ça faisait un bien fou.» Il garde aussi en mémoire des anecdotes moins agréables: «Les pires moments sont arrivés au début, j'ai douté. Par exemple un jour, je me suis trompé de chemin, et il ne me restait plus d'eau. Vers l'autoroute, j'ai repéré une boutique, mais qui était fermée pendant la pause de midi. Je suis entré pour demander de l'eau, quand un chien m'a mordu. Je suis parti en toute hâte, assoiffé, et je suis arrivé super tard au gîte, avec une tendinite.»
Comment a-t-il vécu le retour? «Quand je suis revenu, je pensais que j'allais dormir pendant des jours pour compenser ma fatigue, mais c'était tout le contraire: je débordais d'énergie. Je ressentais le besoin de marcher, le soir après le travail et le week-end. J'étais en forme olympique. Quand on marche si longtemps, on boit beaucoup et on élimine plein de toxines par la transpiration. Mentalement, ça fait du bien car on peut enfin se débarrasser des problèmes insolubles. On y repense, on les examine de tous côtés puis on les laisse enfin sur le bord de la route. On remet les compteurs à zéro. À mon retour, j'étais recentré, ma capacité de concentration était plus grande, j'étais bien plus efficace au travail.»
Ce chemin était-il un chemin de foi pour ce catholique? «Comme beaucoup d'Italiens, je suis baptisé, mais pas pratiquant. C'est vrai que je me suis posé la question en partant: est-ce que j'aurai une révélation? Est-ce que le chrétien en moi allait surgir? Je comprends comment ça peut fonctionner: il y a beaucoup d'organisations chrétiennes qui prennent soin des pèlerins, on est en contact de tous les beaux côtés d'un christianisme qui aide les gens. Par ailleurs, lorsque l'on marche toute la journée sous un soleil de plomb, entrer dans une église fraîche aux vitraux magnifiques peut être vécu comme une extase divine. Pour moi, le chemin était un mélange entre la nature et le spirituel au sens large.»
Visionner le court-métrage de Mauro Carraro.
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