
Marco Odermatt adore être le meilleur skieur du monde. Mieux, il assume et encaisse la pression. Et la relâche en s’accordant un coup de blanc. Un gainage en béton pour garder le buste droit lorsque le poids de tout un pays, tout un monde, pèse sur lui; un cœur de guimauve pour faire la fête en public, sans prise de tête ou crainte de dégât d’image. Cet homme est un macaron à la pistache: croquant dehors, fondant dedans.
Une force tranquille
Ici, pas question de se la jouer cool, décontraction de façade, faux-semblant pour dissimuler une tension intérieure – façon Ragusa, le chocolat révélant des noisettes éclatantes de crispation. Sa seule posture? Celle de recherche de vitesse. Marco Odermatt est l’incarnation de la force tranquille: corps élastique et intelligence algorithmique. Si à 25 ans il a tout gagné, c’est parce qu’il comprend plus vite et apprend mieux que personne. Et que ses conclusions sont transmises illico à ses jarrets.
Fin janvier, ses deux victoires à Cortina en super-G, juste après s’être fait le genou à Kitzbühel, lui ont fait remarquer qu’il pouvait gagner des courses tout en mesurant sa prise de risque. Pourquoi ne pas tenter le même coup aux Mondiaux? Que pouic, ce genre d’attitude ne paie pas lors des grands événements. Une course solide, sans fioriture, mais pas à la limite: et voilà le podium qui échappe à celui qui ne l’avait jamais quitté jusque-là cette saison.
«À chaque course, le meilleur skieur du monde prend de la bouteille, et c’est toute la Suisse qui peut sabrer le champagne.»
Un coup dur? Pas question. Une belle leçon? Pour sûr. Odermatt devient champion du monde de descente trois jours plus tard en balançant toutes ses tripes dans la cocotte, sans demi-mesure ni dos de la cuillère. Pareil pour aller chercher l’or en slalom géant: pas d’eau dans le vin, pas même une lichette.
Lors de ces Mondiaux, Marco Odermatt a encore affiné sa mixologie pour trouver le bon dosage dans sa prise de risque et continuer à nous servir un cocktail explosif – lui préférera toujours un coup de blanc. À chaque course, le meilleur skieur du monde prend de la bouteille, et c’est toute la Suisse qui peut sabrer le champagne.
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Un commentaire sur Odermatt – Marco Odermatt doit rester cool, mais pas trop quand même
Lors de Mondiaux éclatants, couronnés par deux médailles d’or, le skieur nidwaldien a franchi un nouveau cap dans sa maîtrise de lui-même.