Marc Minkowski dévale les pentes mozartiennes
De passage à Genève, le chef et ses Musiciens du Louvre ont livré jeudi une lecture vibrante de deux pièces majeures du XVIIIe siècle

Cela débute par une touche d'éloquence conviviale qui a le pouvoir de détendre la salle et de dissiper ce halo cérémoniel qui baigne la quasi-totalité des concerts au Victoria Hall. À peine monté sur le podium, dans une tenue décontractée – chemise et pantalon larges et sans formes, d'un noir délavé, baskets imposantes aux pieds – le chef Marc Minkowski s'adresse donc au public pour rappeler tout ce qu'on continue d'ignorer et tout ce qu'on suppute au sujet de l'œuvre qui ouvre la soirée, l'«Ode à Sainte-Cécile» d'Haendel, dans la version réorchestrée par Mozart (K. 592). A-t-elle été créée du vivant de son arrangeur? Rien ne l'indique de manière irréfutable. A-t-elle été imaginée pour grands effectifs? Les lieux où elle était jouée dans sa version autrichienne, dans le chœur étriqué d'une église viennoise, laisse entendre le contraire.
Introduction didactique expédiée, Marc Minkowski a lancé, jeudi soir à Genève sa cavalerie. Et il s'y est pris comme d'habitude, en pressant les tempi, en faisant saigner les archets et les cuivres, en piquant avec des attaques ciselées et en forçant par endroits les traits expressifs du chœur et des Musiciens du Louvre. D'entrée de jeu, on est ainsi saisi par l'urgence qu'offre la scène et par les vibrations telluriques de l'ensemble placé sous sa direction. On est conquis aussi par les traits clairs qui se dégagent de chaque ligne instrumentale. Bref, le Victoria Hall est traversé par les textures des instruments d'époque – qui concèdent peu au pathos – et par une rhétorique frontale qui est chère au chef d'orchestre. Aux timbres râpeux et aux tutti tonitruants et parfois raides on aurait aimé par endroits – «Coro» et «Coro ultimo» – entendre en opposition davantage de souplesse et de sensualité, voire d'élévation spirituelle. Autant de traits qu'on aura trouvés ailleurs. Au sein des voix du chœur en général. Et auprès d'Ana Maria Labin surtout, soprano au beau timbre clair et à l'expression habitée. L'aisance technique et la richesse de ses ornementations dans les deux airs solo ont particulièrement impressionné. À ses côtés, le ténor Stanislas de Barbeyrac a lui aussi affiché une belle prestance, bien qu'il a paru forcer dans l'aigu.
En deuxième partie de soirée, l'inachevée «Messe en ut K.427» s'affiche sur des tempi étonnamment alanguis: le «Kyrie» plante un décor plus posé. Une impression passagère puisque très vite, Marc Minkowski insuffle à ses troupes les allants de la première partie. Ici, on a retenu encore une voix: celle de la jeune et prometteuse mezzo Ambroisine Bré. Rocco Zacheo
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