Théâtre du Léman«Maman» s’empare d’un thème grave avec drôlerie et poésie
Vanessa Paradis, pour la première fois sur les planches, porte le verbe de son compagnon Samuel Benchetrit, dans une heureuse conjugaison de leurs talents.

C’est bientôt Noël, dans cette fiction comme dans notre réalité. Avec Vanessa Paradis à l’affiche, le Théâtre du Léman tient déjà un argument de vente en soi. On pourrait penser que seuls les «vrais connaisseurs» viennent pour l’univers de l’auteur Samuel Benchetrit. C’est une pensée limitante dont il faut se défaire.
L’actrice populaire, qui s’essaie pour la première fois au théâtre dans «Maman», offre un jeu en parfaite adéquation avec l’écrin que lui offre son mari à la ville comme à la scène. Et domine, en interprétation, ses partenaires masculins. Samuel Benchetrit endosse en tournée le costume de Bernard, le mari bonne pâte – Eric El Mosnino tenait le rôle à Paris, la province y a peut-être un peu perdu au change.
Le réalisateur d’«Asphalte» et de «J’ai toujours rêvé d’être un gangster» met en scène au théâtre ce qu’il distille avec brio au cinéma: l’absurde, l’humour décalé. Le public rit à ses dialogues simples et soignés.
C’est l’histoire de Jeanne, une vendeuse qui rencontre dans la rue un jeune homme de 25 ans (Félix Moati) en attendant son taxi. Et là, c’est le transfert. Elle reconnaît en lui l’enfant qu’elle n’a pas eu. Lui est un archétype de cas social, sans famille et sans attaches. Alors, comme prise d’un caprice fulgurant devant une vitrine, elle se met en tête de l’adopter.
Étreinte gratuite
«Maman» n’est pas une pièce psychologisante, assommante pour autant. Des thèmes graves sont abordés avec une légèreté bienvenue. La maternité est effleurée, et c’est très bien comme ça, en une heure trente. Une scène de free hug évite habilement le ridicule auquel elle semblait condamnée.
Le tout tient en deux décors entre lesquels on navigue en aller-retour: une rue française la nuit, esthétisée au néon, dans laquelle Jeanne se blottit dans son manteau de fourrure; un appartement un peu quelconque qui embaume le quotidien. Nul besoin d’autres effets.
Un personnage secondaire résume bien l’esprit de la pièce: ce père de famille nombreuse qui fait semblant d’avoir perdu son chien en se promenant avec une laisse vide, afin de créer le contact avec les passants…
«Maman», mercredi 30 novembre à 20 h 30 au Théâtre du Léman, dès 40 francs
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