Vu de Maidan, l'arc-en-ciel de l'amitié des peuples russes et ukrainiens qui s'illumine la nuit au centre de Kiev a perdu de ses couleurs. A chaque coin du labyrinthe des cahutes faites de bric et de broc, construites entre les barricades de la place de l'indépendance à Kiev, le président russe est moqué. « Poutine, ton cerveau est mort sous l'effet du botox », lit-on sur une palette levée devant une tente où deux sentinelles de Maidan veillent. En uniformes disparates, ces hommes garderont la place jusqu' en 25 mai au moins, jour de la très attendue nouvelle élection présidentielle, se réchauffant auprès d'un brasero, alimenté de bois d'arbres débités à la hache, tout au long de la journée. Dans les bureaux de conscription des hommes viennent s'inscrire. « Si Poutine vient ici, je prend les armes », lance tout de go Vassili, un chauffeur de taxi.