VenezuelaMaduro à Cuba, en quête de soutien
De nouveaux heurts ont eu lieu à Caracas, alors que le président, sous pression, rencontrait à Cuba une coalition de pays alliés.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a accusé lundi les Etats-Unis d'oeuvrer au blocage du dialogue avec l'opposition de son pays afin de «faire éclater» le Venezuela.
«La vérité vraie est que l'ordre a été donné à Washington pour le zéro dialogue au Venezuela, dans le but de faire éclater notre pays et (permettre) une invasion étrangère», a accusé le président vénézuélien, visé depuis 10 jours par une nouvelle vague de manifestations de l'opposition dans son pays.
Le Venezuela est «dans le viseur», a poursuivi Nicolas Maduro en clôture d'une réunion de pays de la gauche latino-américaine convoquée à Cuba pour réaffirmer le soutien sans faille de ces gouvernements amis au leader socialiste.
Dans une déclaration commune, ces pays de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba) ont condamné les «attaques et manipulations concertées» contre le gouvernement de Nicolas Maduro, attaques qui selon eux «menacent sa souveraineté comme son indépendance et sa stabilité, ainsi que celles de toute la région».
Uruguay torpillé
«Nous condamnons la conduite intrusive, illégale et pro-impérialiste du secrétaire général de» l'Organisation des Etats Américains (OEA) Luis Almagro, ont encore ajouté les membres de l'Alba au sujet du leader régional uruguayen, qui ne ménage pas ses critiques envers le président vénézuélien.
La tenue de cette réunion ministérielle avait été organisée pour contrer les vives critiques émises à l'étranger contre l'attitude du gouvernement de Nicolas Maduro face à la crise politico-économique qu'il affronte depuis plusieurs mois.
Le successeur de Hugo Chavez est notamment accusé d'être responsable de la sanction récemment infligée à son principal opposant, Henrique Capriles, déclaré inéligible pour 15 ans, ainsi que de la tentative -finalement avortée- de la Cour suprême, réputée proche du président Maduro, de s'arroger les pouvoirs du Parlement. De nombreux pays, de l'Espagne à l'Argentine, en passant par la Colombie, le Mexique, le Brésil et le Pérou, ont critiqué cette décision.
Heurts à domicile
En parallèle, lundi, des heurts avec les forces de l'ordre dans la capitale vénézuelienne ont éclaté environ deux heures après le début de la mobilisation de centaines d'antichavistes (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013).
Aux jets de pierres de certains manifestants, la police, qui leur barrait le chemin sur une autoroute menant au centre-ville, répondait par des gaz lacrymogènes. «C'est un duel de résistance: pour voir qui se fatigue le premier, nous de lutter ou eux de nous réprimer», a déclaré à l'AFP Freddy Guevara, vice-président du Parlement, contrôlé par l'opposition depuis fin 2015.
«Le peuple du Venezuela a décidé de descendre dans la rue et n'en partira que lorsqu'il sera libre», a prévenu lundi dans un communiqué la MUD (Table pour l'unité démocratique), vaste coalition qui rassemble les opposants au chef de l'Etat.
Mobiliser
Depuis le début du mois d'avril, il s'agit de la cinquième manifestation des antichavistes. Ces derniers souhaitent mobiliser la population, étranglée par la crise économique de ce pays pétrolier ébranlé par la chute des cours du brut.
Après avoir réussi en 2016 à rassembler des centaines de milliers de manifestants, l'opposition a peiné ces derniers mois à mobiliser les habitants, découragés et plutôt accaparés par les soucis du quotidien.
Mais au-delà du nombre, limité pour le moment (quelque 10'000 personnes jeudi et 4000 samedi), c'est le tour violent des manifestations qui inquiète. L'Union européenne a ainsi fait part de sa préoccupation face à «l'escalade des tensions».
Au Venezuela, la pénurie frappe 68% des produits basiques et l'inflation y est incontrôlable (1,660% fin 2017, prédit le FMI). Les files d'attente devant les supermarchés, les pharmacies ou les boulangeries sont devenues quotidiennes.
Critiques internationales
«Nous voulons des élections (....) il doit y en avoir au Venezuela», a déclaré à l'AFP Alejandro Navas, étudiant en Droit.
Les antichavistes sont eux aussi très en colère après la sanction infligée vendredi à l'un de leurs leaders, Henrique Capriles.
La situation s'était déjà enflammée ces derniers jours quand la Cour suprême, réputée proche du président Maduro, s'était brièvement arrogé les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussée à faire machine arrière 48 heures plus tard.
Pendant ce temps, le chef de l'Etat participait lundi à Cuba à une réunion de pays amis de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba) convoquée pour apporter leur soutien au leader socialiste vénézuélien. Lancée par Hugo Chavez et Fidel Castro en 2005, l'Alba rassemble l'Équateur, le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua et plusieurs petits pays des Antilles, mais a considérablement perdu de son influence ces dernières années.
Un mort
Samedi, des heurts avec les forces de l'ordre avaient déjà éclaté à Caracas lors d'une manifestation qui a rassemblé des milliers d'opposants. Jeudi dernier, un jeune homme de 19 ans avait été tué d'une balle en pleine poitrine, 19 personnes blessées et 30 autres interpellées lors de manifestations de l'opposition émaillées d'affrontements avec la police. Un policier accusé d'avoir tiré sur le manifestant a été arrêté.
L'opposition a déjà annoncé que la prochaine mobilisation aura lieu le 19 avril. Il s'agira, selon le dirigeant de l'opposition Freddy Guevara, de la «mère de toutes les manifestations».
ats
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