Réforme des retraites en FranceMacron a «mis plus d’explosifs sur un brasier déjà bien allumé»
Elle était censée rassurer et apaiser les tensions, mais l’interview présidentielle réalisée ce mercredi reçoit déjà de vives critiques.

En direct sur TF1 et France 2 ce mercredi, le président Emmanuel a indiqué que la réforme «entre en vigueur d’ici la fin de l’année», car elle est «nécessaire». «Cette réforme, elle est nécessaire ça ne me fait pas plaisir, j’aurais voulu ne pas la faire, mais c’est pour ça aussi que j’ai pris l’engagement de la faire», a déclaré le chef de l’État.
Aucun changement ne sera mis en place suite à l’application du 49.3 jeudi dernier affirme le président Emmanuel Macron. Il a également réitéré son soutien à «la première ministre (qui) a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale». Borne devra «bâtir un programme de gouvernement» et «élargir» la majorité, soutient Macron.
«Cynisme» des «grandes entreprises»
Emmanuel Macron a dénoncé mercredi le «cynisme» de certaines «grandes entreprises» qui ont dégagé d’importants bénéfices exceptionnels leur permettant de racheter leurs propres actions en Bourse, et leur demandant «une contribution exceptionnelle» pour que «les travailleurs puissent profiter» de cet argent.
«Il y a quand même un peu un cynisme à l’œuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu’ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions», a déclaré le chef de l’État sur TF1 et France 2, ajoutant qu’il compte «demander au gouvernement de travailler sur une contribution exceptionnelle».
Il souhaite «que les choses rentrent en place», notamment que 1.8 millions de retraités «commencent à être augmentés d’environ 600 euros par an en moyenne» et qu’«on commence à décaler l’âge légal de trois mois supplémentaires».

«Il n’y a pas 36 solutions», assure Macron. Il «regrette qu’aucune force syndicale n’ait proposé un compromis». Emmanuel Macron a considéré mercredi que «le projet de toutes les oppositions et de tous ceux qui s’opposent» à la réforme des retraites, «c’est le déficit», qu’il a comparé à une «formule magique»
«Qu’est-ce que c’est le déficit?» a interrogé le chef de l’État. «Ça veut dire, de fait, que vous choisissez de faire payer vos enfants parce que, aujourd’hui, vous refusez de décider avec clarté et courage», a-t-il poursuivi.
Après avoir montré un graphique comparant l’âge de départ à la retraite de plusieurs pays européens, le président de la République a réitéré ses arguments pour soutenir sa réforme.
Débordements dans les manifestations
«On ne peut accepter ni les factieux ni les factions» après l’adoption par 49.3 de la réforme des retraites, a déclaré Emmanuel Macron lors de son entretien télévisé mercredi, dénonçant chez des manifestants des «groupes qui utilisent la violence».
«Quand les États-Unis d’Amérique ont vécu ce qu’ils ont vécu au Capitole, quand le Brésil a vécu ce qu’il a vécu (…), je vous le dis très nettement», «on ne peut accepter ni les factieux ni les factions», a expliqué le chef de l’État en référence à des épisodes insurrectionnels vécus par les institutions dans ces deux pays. «On ne tolérera aucun débordement», a-t-il ensuite insisté.
Le président Emmanuel Macron s’est dit prêt mercredi à «endosser l’impopularité» pour mettre en œuvre la réforme très contestée des retraites, déplorant que les syndicats n’aient pas proposé de «compromis», lors d’un entretien télévisé sur TF1 et France 2.
«Moi, je ne cherche pas être réélu (…), mais entre les sondages de court terme et l’intérêt général du pays, je choisis l’intérêt général du pays», a affirmé le chef de l’État, ajoutant que «s’il faut derrière endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserai».
Le chef de l’État a regretté que les syndicats n’aient pas présenté de «proposition de compromis» sur le texte de la réforme, soulignant que le gouvernement l’a fait, en revanche, «avec le Parlement».
Le plein-emploi, l’ordre républicain, l’école, la santé et l’écologie seront les axes clés d’Emmanuel Macron pour le futur.
«Déni et mensonge»
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a accusé mercredi le président de la République d’avoir menti dans son interview sur TF1 et France 2 sur la position de la CFDT sur les retraites, «pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste».
«Déni et mensonge! La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron 2019 l’avait compris, il avait repris notre ambition d’un système universel. Macron 2023 refait l’histoire et ment sur @CFDT pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste», a-t-il réagi sur Twitter.
Les propos d’Emmanuel Macron lors de son interview mercredi midi sont «du foutage de gueule et du mépris pour les millions de personnes qui manifestent», a réagi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
«C’est lunaire cette interview. C’est: tout va bien, je fais tout bien, il ne se passe rien dans la rue. Il n’y a aucune réponse», a dénoncé M. Martinez devant des journalistes à Tours où il assiste au congrès de la CFE-CGC.
«Traditionnelles marques de mépris»
Jean-Luc Mélenchon a dénoncé mercredi les «traditionnelles marques de mépris» d’Emmanuel Macron après son entretien télévisé sur la réforme des retraites, estimant que le chef de l’État «vit en dehors toute réalité».
L’ancien candidat à la présidentielle a critiqué l’«arrogance» de M. Macron sur les carrières pénibles alors qu’il «vient de retirer des critères de pénibilité», dans un point presse à Toulouse. «La foule est au peuple ce que le cri est à la voix», a ajouté Jean-Luc Mélenchon en référence à un propos du président sur la «foule» qui n’aurait «pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus».
«Plus d’explosif sur un brasier»
Emmanuel Macron a «mis plus d’explosifs sur un brasier déjà bien allumé», a critiqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure après l’entretien télévisé du chef de l’État, tandis que la cheffe des écologistes Marine Tondelier a dénoncé une «autosatisfaction».
«C’est hallucinant, il est dans un déni absolu», a déclaré Olivier Faure depuis l’Assemblée nationale. «Je crains qu’il n’ait mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé», a-t-il ajouté, notamment en «disqualifiant les syndicats». Marine Tondelier s’est dite pour sa part sur Twitter «glacée par la démonstration d’autosatisfaction du président» qui, à ses yeux, a tenu des «propos offensants».
«Pas à la hauteur de la crise»
Le président des Républicains Eric Ciotti a estimé que les solutions proposées par Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée mercredi n’étaient «pas à la hauteur de la crise politique et économique que nous vivons».
«La seule vraie annonce de cette allocution est que le combat contre l’immigration de masse n’est plus une priorité pour le gouvernement» et «c’est une faute», a estimé dans un communiqué le député des Alpes-Maritimes en déplorant que le chef de l’État n’ait «pas su convaincre les Français» de la nécessité d’une réforme des retraites.
«Conforté le sentiment de mépris»
Marine Le Pen a estimé mercredi que le président Emmanuel Macron, «un homme de plus en plus seul», avait «conforté le mépris» des Français, après son entretien sur TF1 et France 2.
La patronne des députés RN à l’Assemblée nationale a reproché au président d’avoir accordé cet entretien à 13 h et d’avoir ainsi «défié symboliquement la France qui travaille (et) confortant ainsi le sentiment de mépris». «Il dit qu’il respecte, mais il insulte. Tous les Français, tout le temps», a-t-elle ajouté, accusant notamment le président «d’antiparlementarisme».
AFP/ATS/MWE
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.