Macron, le président qui veut bouger les lignes
Rapide. Libéral et égalitaire. Expérimenté. Le parcours atypique du jeune politique français.

Quel président sera Emmanuel Macron? Jeune. Pragmatique. Non idéologique. Avec une expérience dans le privé. Très européen. L'homme du renouvellement répète qu'il connaît «le système. Puisque j'en viens!» Le CV impressionnant d'un homme pressé préfigure-t-il l'action du huitième président de la Ve République? En accédant à 39 ans à l'Elysée, Emmanuel Macron fait exploser les schémas de la vie politique française. Au pays des carrières construites sur des décennies, il étrenne un premier mandat en commençant par la plus haute fonction.
Atypique! Emmanuel Macron ressemble peu aux précédents présidents français, tout en étant une incarnation très aboutie de l'image qu'on se fait de la France. Bel homme, avec du panache, une éloquence un peu désuète – «poudre de perlimpinpin», a-t-il tonné lors du débat d'entre-deux tours – Emmanuel Macron possède une culture littéraire solide, un bagage économique réel, acquis lors de son passage à la Banque Rothschild, et surtout un sens du réel dont témoignent ses multiples vies.
L'inspecteur des finances
Neuf mais pas inexpérimenté: tel pourrait être le paradoxe du plus jeune président de l'histoire. En effet, Emmanuel Macron connaît bien les rouages de la machine étatique: il y a travaillé. Il démarre sa carrière comme inspecteur des finances au sein de la haute administration publique. Il est encore secrétaire général adjoint au cabinet du président Hollande. Il sera ensuite son ministre de l'Economie durant vingt-quatre mois. Emmanuel Macron sait où il met les pieds.
L'idéologie de la non-idéologie, il l'assimile à la commission Attali. Emmanuel Macron en fut le rapporteur général adjoint. Il a souvent été écrit qu'il en avait tiré une grande partie de sa ligne politique. En 2008, le rapport final présenté au président Sarkozy contient des mesures qu'on retrouve des années plus tard chez lui. L'accent mis sur le soutien scolaire dans les zones éducation prioritaire comme des recommandations teintées de libéralisme raisonnable afin de libérer l'économie française de ses entraves. Mais il y a plus: Emmanuel Macron découvre une méthode de travail. La commission Attali est composée de 43 personnalités de différentes sensibilités, qui vont de Peter Brabeck (Nestlé) à l'écrivain Erik Orsenna, du géographe Hervé Le Bras à Anne Lauvergeon, alors CEO d'Areva. Gauche et droite mélangées. Monde des affaires et penseurs sociaux à la même table.
De cette expérience, il enrichit encore son réseau. Démonstration? En 2012, banquier d'affaires chez Rothschild, il réussit à boucler pour 11 milliards de francs le rachat de la division nutrition de Pfizer pour Nestlé. Il était resté en contact avec Peter Brabeck, le boss de la multinationale de Vevey. C'est ce réalisme qui fait dire au grand patron vaudois, André Kudelski, qui a rencontré Emmanuel Macron: «Ce qui m'a frappé, c'est la qualité de ses idées, sa capacité d'écoute et sa volonté de s'affranchir des contraintes obsolètes.»
La carte interactive des résultats
Aller vite
Emmanuel Macron veut donc être le président qui fait bouger les lignes. Et pour cela, il doit aller vite. Il sait qu'il n'aura pas d'état de grâce. Il a donc prévu d'imposer à un gouvernement resserré de 15 personnes un rythme d'enfer. D'ici à l'été, il entend imposer sa réforme de la loi Travail par ordonnance, réaliser un audit des finances publiques et plus à fond de train encore: préparer un projet de loi sur moralisation de la vie publique avant même les législatives.
Cette manière d'aller par le monde et par la vie au gré des opportunités fait de lui un homme de son temps. Un parangon de l'élite mondialisée et libérale. Qui le relie davantage au Canadien Justin Trudeau ou au maire de Londres, Sadiq Khan, qu'à la cohorte des anciens chefs d'Etat français. Mais le paradoxe, c'est aussi qu'il porte en lui à la fois la modernité euromondialisée et la France de toujours.
En témoigne, cette patine culturelle du jeune français de province se rêvant un destin littéraire – il a écrit un roman – et travaillant comme assistant du philosophe Paul Ricœur. Il a aussi épousé sa professeure de théâtre: Brigitte Trogneux de vingt-quatre ans son aîné. Au-delà de l'intérêt «pipole», ces faits biographiques désignent ses passions et donnent ce parfum romanesque à son parcours qui le place dans une tradition très française. Celle des présidents épris de culture, comme François Mitterrand ou Georges Pompidou, qui publia une Anthologie de la poésie françaiseet qui travailla, lui aussi, pour la Banque Rothschild. Mais Emmanuel Macron a encore cet humour en phase avec la culture Web et télé de l'époque. Il y a deux ans, en ministre de l'Economie, il a offert quelques excellents moments au Petit journalde Canal+ en chantant l'Eté indiende Joe Dassin avec un sens de la répartie et de la dérision évidents.
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