Ce n’est plus un rééquilibrage des pouvoirs, c’est un désaveu cinglant pour la macronie. Le président est pris à son propre piège. Emmanuel Macron s’est dispensé de faire campagne après sa victoire face à Marine Le Pen, mettant des semaines à nommer un gouvernement. Il a cru bon de choisir la moins charismatique des premières ministres, pour ne pas qu’elle lui fasse de l’ombre.
Lorsqu’il est enfin entré en campagne, il a voulu la mener seul, sans mettre en avant les poids lourds ou les nouveaux visages du gouvernement. Il a jugé inutile de défendre un programme, misant tout sur sa stature présidentielle et le contexte international. Après le premier tour, il a cru malin de mobiliser sur un seul slogan: la peur du chaos, décrétant que voter Nupes ou RN n’était pas républicain.
Ce qui avait marché pour De Gaulle en 1965 a provoqué l’effet inverse pour Emmanuel Macron.
Péché d’orgueil. Ce qui avait marché pour De Gaulle en 1965 a provoqué l’effet inverse pour Emmanuel Macron. La réponse des électeurs est limpide. Non, les législatives ne sont pas un référendum présidentiel. Sa réélection ne le dispensait pas d’offrir des perspectives à un pays tétanisé par la perte du pouvoir d’achat et la crainte d’un virage libéral. Et le vote républicain consiste aussi à donner aux deux autres grands blocs politiques – la Nupes et le RN – un poids suffisant pour que tous les Français se sentent représentés à l’Assemblée nationale. Pas superflu alors que plus de la moitié des citoyens ne votent plus et qu’un nouveau mouvement des «gilets jaunes» apparaît déjà comme une fatalité.
La macronie est en tête, mais au tapis. Les plus proches du président sont battus; certains ministres aussi, ils seront congédiés. Macron voulait gouverner seul. Il devra négocier chacune de ses réformes avec la droite, le centre ou la gauche. Les débats s’annoncent houleux mais passionnants à l’Assemblée. L’immobilisme n’est pas une fatalité. Le «choc démocratique» de dimanche peut être salutaire.
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Éditorial – Macron et le péché d’orgueil
C’est le pire des scénarios pour le président: Ensemble est très loin de la majorité, ses proches sont battus, et ses réformes compromises. Peut-être salutaire pour la démocratie.