École genevoise spécialiséeL’Office médico-pédagogique n’aura pas 55 postes en plus!
La demande d’un crédit complémentaire pour remettre l’office sur les rails a été refusée mercredi par la majorité de droite de la Commission des finances.

«Malgré la très grande implication des collaboratrices et collaborateurs à tous les niveaux de l’office, il en ressort des constats d’insuffisance manifeste des prestations. Nous avons l’impression d’être à la case départ, que l’Office médico-pédagogique (OMP) n’a jamais été organisé… qu’il a essentiellement couru après les urgences.»
En dressant mardi le constat alarmant d’un OMP à la dérive, la conseillère d’État Anne Emery-Torracinta avait appelé la Commission des finances du Grand Conseil à prendre ses responsabilités pour permettre à l’institution de «sortir de l’urgence» en votant une demande de crédit complémentaire (55,2 postes ETP/équivalence temps plein).
À lire notre confrère du «Temps», cela semble bien mal parti. Mercredi, les députés ont refusé par 9 voix contre 6 les 55 postes en question. Un camouflet pour la magistrate socialiste qui devra revenir avec une nouvelle proposition. De quoi bousculer le calendrier de la réorganisation…
Renforcer uniquement le terrain
Contrairement aux projets de loi, les crédits complémentaires ne peuvent pas être amendés. La proposition aurait dû être acceptée dans son ensemble. Pas question pour la droite. «Nous comprenons la nécessité de renforcer l’OMP mais nous ne sommes pas d’accord avec l’intégralité des postes», a expliqué au «Temps» Yvan Zweifel, chef de groupe PLR et membre de la Commission des finances.
«L’OMP a besoin de collaborateurs sur le terrain, pas dans l’encadrement et l’administration.»
Un tiers des postes réclamés ont posé problème à la majorité des députés de droite, notamment au niveau de la direction générale et de l’état-major. «L’OMP a besoin de collaborateurs sur le terrain, pas dans l’encadrement et l’administration», ajoute Yvan Zweifel. Le battage médiatique autour de l’OMP et la mise sous pression des députés sont inadmissibles.»
Situations plus complexes
Parmi les 55 postes demandés par la patronne du Département de l’instruction publique (DIP), 25 étaient destinés aux écoles spécialisées et aux classes intégrées, 10 devaient renforcer le management de proximité (nouveaux «doyens», selon les mots d’Anne Emery-Torracinta), 8 la direction générale; enfin 5 étaient dédiés aux consultations thérapeutiques et 6 aux référents métiers.
Rappelons que le nombre d’élèves qui ont des besoins spécifiques augmente drastiquement depuis quelques années et les situations se complexifient. Or, les députés de droite considèrent que les ressources tous azimuts ne résoudront pas les problèmes d’organisation avérés de l’institution.
Consternation à gauche
À gauche, c’est la consternation. «La droite se contrefiche de la situation d’urgence à l’OMP», ont réagi, ce jeudi matin dans un communiqué, le PS, les Verts et Ensemble à Gauche, ainsi que le Cartel intersyndical de la fonction publique.
«La droite se contrefiche de la situation d’urgence à l’OMP.»
«Alors que l’entier de la classe politique s’est ému des dysfonctionnements constatés au foyer de Mancy, alors que le besoin urgent de réformer l’OMP et de lui allouer des ressources supplémentaires est unanimement reconnu, la droite et le MCG balaient d’un revers de main un crédit supplémentaire destiné à renforcer cette institution.»
En refusant ce crédit de quelque 2,2 millions de francs, «ces partis affichent leur mépris pour une prise en charge adéquate des enfants à besoins particuliers ou handicapés suivis dans les institutions gérées par l’OMP. Le personnel est à bout de souffle et les enfants en font les frais. Il y a urgence.» Un refus qualifié de «choquant» par le Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs.
Interrogée sur ce refus, la conseillère d’État réagit. «Je suis consternée par cette décision dont les conséquences toucheront d’abord des élèves en situation de handicap. En refusant des moyens pourtant indispensables, la majorité parlementaire montre qu’elle fait de la politique purement politicienne et qu’elle a perdu tout sens des responsabilités. Cette décision est d’autant plus incompréhensible qu’elle touche les jeunes les plus fragiles du canton. Des mesures sont donc actuellement étudiées pour garantir leur sécurité ainsi que celle des professionnels qui les prennent en charge avec beaucoup d’engagement.»
Relevons enfin qu’une seconde demande du DIP d’un montant de 720'333 francs – portant également sur l’enseignement spécialisé et les prestations médico-pédagogiques - a été, quant à elle, acceptée par 10 oui, 4 non et 1 abstention. Ce crédit doit permettre d’ouvrir de nouvelles structures et augmenter ainsi la capacité existante.
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