Promotion de la lecture auprès de la jeunesseLocation de livres à domicile cherche financement
Le projet GE-bouquine, porté par deux enseignantes du primaire à Genève, offre un compromis entre l’achat en librairie et l’emprunt en bibliothèque.

Louer un livre et le recevoir à la maison. C’est un constat remonté du terrain qui pousse deux enseignantes de l’école primaire genevoise à imaginer ce nouveau service d’accès à la lecture pour les enfants, à partir de 2 fr. 50 l’ouvrage. «On s’est rendu compte que souvent les élèves se lancent dans la lecture de séries et ne peuvent pas poursuivre immédiatement, exposent Maeva Massarotto et Camille Corbin. Par exemple, en ce moment, tous les enfants veulent lire «Mortelle Adèle», cela représente un budget important à l’achat pour les parents, pour un objet lu en une demi-heure qui prend ensuite la poussière sur une étagère.»
Une alternative aux bibliothèques
Mais comment concevoir qu’entre la bibliothèque de l’école, le bibliobus, les bibliothèques municipales et les boîtes d’échange entre voisins, les familles ne trouvent pas déjà leur bonheur à moindre coût? «Nous aimerions vraiment proposer rapidement les dernières nouveautés, qui sont difficiles à trouver dans l’offre existante ou alors seulement après un certain délai, argumente Camille. Durant les entretiens avec les parents, certains nous disent que leur enfant ne lit pas à la maison, alors qu’on les voit dévorer des ouvrages en classe.» De plus, «pour certains parents, c’est vraiment compliqué de se déplacer de manière régulière à la bibliothèque, ajoute Maeva, ils pourraient donc être intéressés par un système de livraison payant qui leur éviterait de débourser 20 francs à chaque nouvel achat.»
Sentant naître une forme de frustration chez certains enfants avides de nourriture livresque, les deux enseignantes ont voulu lever les derniers freins existants, que ce soit en termes de distance, de budget, ou d’accès aux dernières sorties, pour faciliter la vie aux familles. Leur projet, une initiative individuelle qui n’émane pas du Département de l’instruction publique, est intitulé GE-bouquine. Il ne peut voir le jour que si la cagnotte lancée sur le site gofundme.com (voir aussi leur page Facebook et Instagram) réunit les 7000 francs nécessaires pour créer un site internet et investir dans un catalogue d’ouvrages. Les deux maîtresses recherchent aussi des partenariats avec des librairies et des éditeurs.
Différents abonnements
Au moins trois types d’abonnement mensuel sans engagement seraient alors proposés, frais d’envoi et de retour par poste inclus: un abonnement de 17 fr. 90 donnerait accès à entre un et quatre livres (donc la location coûterait potentiellement 4 fr. 50 l’unité); un abonnement à 24 fr. 90 donnerait accès à cinq à sept livres (ce qui reviendrait à 3 fr. 50 l’unité); une dernière formule à 29 fr. 90 pour huit à douze livres (soit 2 fr. 50 par unité).
«On aimerait pouvoir conseiller les adhérents, les guider.»
Des abonnements à plus long terme permettraient un tarif dégressif. Un abonnement premium, plus cher, pourrait aussi financer une livraison et un retour par coursier. Le service pourrait potentiellement concerner toute la Suisse puisque les tarifs postaux sont les mêmes dans tout le pays, et que dans des cantons plus grands que Genève, le maillage des bibliothèques peut s’avérer plus lâche. L’offre ne se limiterait pas à quelques clics impersonnels: «On aimerait pouvoir conseiller les adhérents, les guider, insiste Camille. Il y aurait un blog avec des articles sur certains titres et une possibilité pour les usagers de donner leur avis.»
Si les deux enseignantes parviennent à leurs fins, elles espèrent réinvestir leurs marges dans le renouvellement du catalogue et l’équipement d’une école à l’étranger. «On ne veut pas simplement verser de l’argent à une association qu’on ne connaît pas, on aimerait vraiment établir un contact, quitte à créer notre propre structure.»
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