Nouvelle voie commercialeL’Iran et la Russie ensemble pour contourner les sanctions
Les deux pays ont signé ce mercredi un accord pour ouvrir une route commerciale Nord-Sud contournant les voies maritimes traditionnelles et les sanctions internationales.

Signe de l’importance donnée à l’événement, la signature de l’accord à Téhéran a été supervisée par les deux présidents, l’Iranien Ebrahim Raissi et le Russe Vladimir Poutine, présent par visioconférence. De plus en plus proches depuis le début de l’invasion en Ukraine, les deux nations font aboutir un projet discuté depuis près de 20 ans.
Cet accord bilatéral porte sur la construction d’une ligne ferroviaire d’une longueur de 164 km dans le nord-est de l’Iran, entre les villes d’Astara, située à la frontière avec l’Azerbaïdjan, et Rasht. De là, les produits russes seront transportés par rail jusqu’aux ports du sud, comme Bandar Abbas ou Chabahar, d’où ils pourront être expédiés vers l’Asie à l’est, la péninsule Arabique à l’ouest ou l’Afrique orientale au sud.
L’objectif est de mener à bien l’ambitieux projet de corridor Nord-Sud, un réseau de routes maritimes, ferroviaires et terrestres de 7200 km de long. Selon ses promoteurs, le projet vise à redessiner les circuits de la mondialisation pour notamment contrer l’hégémonie occidentale.
Les marchandises russes pourront ainsi contourner la mer Baltique, la mer Noire et le canal de Suez. Selon Vladimir Poutine, «Le transport des marchandises par le nouveau corridor aura un avantage concurrentiel considérable. Ainsi, la livraison de marchandises de Saint-Pétersbourg (Russie) à Bombay (Inde) prendra environ 10 jours. À titre de comparaison, le trajet via les routes commerciales traditionnelles prend jusqu’à 30-45 jours».
Le président russe prédit que «les volumes de flux de marchandises augmenteront considérablement», en citant «les produits d’alimentation et agricoles», notamment à destination «des pays du Golfe et d’Afrique».
Rompre l’isolement
Téhéran prévoit que la liaison ferroviaire Rasht-Astara soit terminée d’ici trois ans. Avec l’objectif de faire transiter par rail jusqu’à 15 millions de tonnes de cargaisons russes par an à l’horizon 2030, selon le vice-premier ministre russe Alexander Novak, en visite en Iran cette semaine.
Durement frappé par des sanctions liées à son programme nucléaire, l’Iran met en scène jour après jour l’amélioration de ses liens avec la Russie, la Chine et les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite, son grand rival traditionnel au Moyen-Orient.
Les annonces de coopération se sont multipliées ces derniers mois avec la Russie dans la finance, le commerce des biens de consommation ou l’énergie, même si les deux pays se retrouvent parfois en concurrence sur certains marchés, comme celui de la pétrochimie. Dernier exemple en date, la deuxième banque russe, VTB, a ouvert un bureau à Téhéran, alors que les deux banques centrales travaillent à connecter leurs systèmes de transfert interbancaires.
Dans ce contexte, les États-Unis s’inquiètent surtout du rapprochement dans le domaine militaire, que les deux pays sont «en train d’amplifier» à un niveau «sans précédent» selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. Ce dernier a cité en particulier la volonté de Moscou d’acquérir des drones iraniens plus sophistiqués après s’être fait livrer depuis le mois d’août plus de 400 drones, principalement de type Shahed, utilisés en Ukraine.
Téhéran a, à plusieurs reprises, jugé «sans fondement» les accusations de fournitures d’armes à la Russie, en affirmant ne pas être partie prenante dans le conflit ukrainien.
AFP/Iñaki Dünner
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.