Les partisans du oui peuvent ranger les drapeaux. L’initiative pour des multinationales responsables échoue d’un rien, acceptée par le peuple mais rejetée par une majorité de cantons. Ce n’était plus arrivé, en Suisse, depuis 65 ans.
Le débat fut nourri, bouillant, avec des excès mais aussi de vraies discussions de fond. La justice suisse ne pourra pas poursuivre des multinationales pour les violations des droits commises à l’étranger. L’infime victoire du non rend la défaite des initiants très amère sur le moment: ils sont passés si près! Cette campagne laissera pourtant des traces profondes, indépendamment de son issue.
Mises en cause, forcées de justifier leurs pratiques et de s’exprimer publiquement, certaines multinationales ont senti le vent du boulet. Elles se savent désormais surveillées et tenues pour responsables, moralement sinon juridiquement, des activités accomplies en leur nom à l’autre bout du monde.
Les partisans du texte ont montré que la force de frappe financière et politique n’était pas réservée au camp conservateur. Après une campagne musclée et richement dotée, ils ont fait pratiquement jeu égal avec une droite économique peu habituée à friser la défaite.
Il faut relever aussi le oui très net des Genevois (64%). Notre canton bénéficie, en termes d’impôts et d’emplois, de la présence de multinationales sur son sol. Le peuple a pourtant refusé de donner un blanc-seing à ces entreprises.
La majorité d’entre elles se préoccupent du respect des droits humains dans toute la chaîne. Les autres devront rapidement se montrer plus regardantes avec leurs sous-traitants. Elles échappent, en ce dimanche, aux foudres judiciaires. Elles n’éviteront plus, demain, des dégâts d’image irréversibles, si elles ne comprennent pas que le monde a changé.
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L’éditorial – L’initiative laissera
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