Au début, on ne ressent presque rien. Mais, peu à peu, on devine que cela va faire mal. L’inflation, l’augmentation généralisée des prix, est un mal sournois. Selon l’image utilisée par l’ancien président de la Banque centrale allemande (de 1980 à 1991) Karl Otto Pöhl, «l’inflation, c’est comme la pâte dentifrice: une fois qu’elle est sortie du tube, il est impossible de l’y faire rentrer».
«Si les grandes économies devaient fortement ralentir dans les prochains mois, sous le double effet de la lutte contre l’inflation et des ruptures d’approvisionnement, la petite douleur ressentie aujourd’hui fera alors mal, très mal.»
Et pour ne rien arranger, la Chine, le grand atelier du monde, au centre de très nombreuses chaînes d’assemblage, est paralysée par le confinement imposé à ses centres urbains, contribuant à renforcer la spirale inflationniste au pire moment. Les États-Unis en surchauffe sont aujourd’hui menacés par une inflation qui frisera bientôt les 10%. La faire redescendre pourrait plonger la première économie de la planète dans la récession d’ici à la fin de l’année!
La Suisse est pour l’heure protégée par la solidité du franc (ce que nous achetons à l’étranger coûte moins cher) et une dépendance moins forte aux variations du pétrole par rapport à nos voisins européens. Reste que nous ne sommes pas une île. La courbe récente des taux hypothécaires montre que le marché anticipe une inflation de plus en plus insidieuse. Si les grandes économies devaient fortement ralentir dans les prochains mois, sous le double effet de la lutte contre l’inflation et des ruptures d’approvisionnement, la petite douleur ressentie aujourd’hui fera alors mal, très mal.
Pierre Veya est chef de la rubrique économie auprès de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche. Auparavant, il a été rédacteur en chef du journal Le Temps, de l'Agefi et chef de la rubrique économique à L'Hebdo. Ses domaines de compétences sont la finance, l'économie, les hautes-technologies, l'environnement, le climat et la politique agricole.
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Éditorial – L’inflation, première facture de la guerre
La hausse des prix devient inquiétante et pourrait s’accélérer si le conflit en Ukraine devait durer.