En 2019 au Sommet sur le climat organisé par l’ONU à New York, une jeune suédoise encore inconnue déclarait aux dirigeants de la planète: «Je fais partie de ceux qui ont de la chance. Les gens souffrent, ils meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez c’est d’argent et de contes de fées, de croissance économique éternelle? Comment osez-vous!»
Suite à l’écho médiatique des déclarations de Greta Thunberg, une vague verte allait s’abattre partout dans le monde (y compris en Suisse), soutenue par la mobilisation massive des jeunes, des étudiants et de larges parties de la population. Le soutien populaire au changement radical du système économique a commencé à faire peur à l’establishment politique helvétique, si l’on considère le virage écologiste de tous les partis, jusqu’à l’extrême droite. On a vite compris que c’était une solution de façade.
En fait, parmi ces nouvelles tendances écologistes apparues ces dernières années, il y en a qui revendiquent encore la complémentarité entre écologie et capitalisme. Ces adeptes d’une sorte de «darwinisme technologique et économique» ne font qu’agir comme caisse de résonance des partis conservateurs plus traditionnels, en continuant ainsi à alimenter le statu quo en matière de transition écologique et de justice sociale. Et donc à poursuivre la folle course vers l’effondrement des écosystèmes et de la biodiversité. En réalité, l’antinomie entre écologie et capitalisme n’est plus une opinion, on devrait la considérer comme un fait scientifique.
En 1989, l’économiste américain Paul Sweezy affirmait déjà que le capitalisme perçoit l’environnement comme un moyen d’atteindre un but primaire: réaliser des profits et accumuler encore plus de capital. Comment lui donner tort, trente ans plus tard? Selon une étude cofinancée par la Fondation Ethos et publiée en novembre 2021, les quatorze multinationales non financières présentes au SMI (l’indice vedette de la Bourse de Zurich), ont produit en 2020 305 millions de tonnes de CO2, soit 6.5 fois les émissions de la Suisse en tant que territoire! Ces sociétés devront investir tout de suite plus de 30 milliards de francs par année pour être neutres en émissions en 2050.
Il faut encore rappeler les inégalités et les injustices qui se sont accentuées ces dernières années. Dans un canton comme Genève, le risque de pauvreté atteint un taux de presque 19%, c’est-à-dire 1 personne sur 5 (le plus haut de Suisse), mais pour une famille monoparentale le taux grimpe à 31%.
Nous avons encore, tous et toutes, la possibilité de pouvoir jeter les bases pour que cela change. Sans illusions, le changement ne sera pas pour demain, mais nous devons accélérer dans la prise en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance au moment de réaliser des investissements publics et privés; nous devons rendre plus durable notre économie, défendre un modèle de société ouverte et solidaire.
Nous avons la possibilité de modifier notre réalité, nous pouvons exprimer encore notre voix librement et voter pour un changement. On n’a plus le temps d’être pessimistes, on doit agir.
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L’invité – L’inévitable transition économique