Fédérales 2023L’heure de vérité approche pour la majorité climatique zurichoise
Les élections cantonales zurichoises du 12 février constituent le dernier grand test avant les fédérales d’octobre.

En jeu notamment: le maintien ou non de la majorité «climatique» de centre-gauche au parlement et la composition du gouvernement qui s’annonce particulièrement ouverte.
Les sept ministres zurichois ont beau tous se représenter, leur réélection in corpore n’est pas assurée. La majorité féminine du gouvernement a, en revanche, toutes les chances d’être maintenue. La composition du Conseil d’État est actuellement la suivante: 2 UDC, 1 PLR, 1 PS, 1 Vert, 1 Centre et 1 sans parti.
Mario Fehr indéboulonnable
L’ex-socialiste Mario Fehr ayant quitté son parti en cours de législature, le PS tente de «récupérer» ce siège à travers la candidature de la conseillère nationale Priska Seiler-Graf. Celle-ci accompagne la sortante Jacqueline Fehr comme colistière.
Désormais sans formation politique, le ministre de la sécurité garde pourtant toutes ses chances de rempiler pour un quatrième mandat. Très populaire et apprécié également par l’électorat bourgeois, il figure même en tête des intentions de vote, selon deux sondages récents des instituts gfs.bern et Sotomo.
Deux ministres dans la tourmente
Les socialistes auront donc de la peine à maintenir à la fois leur ministre sortante et à placer leur candidate au gouvernement. Il ne s’agit toutefois pas d’une mission impossible, Priska Seiler Graf bénéficiant d’une notoriété certaine en tant que figure de la politique de défense du PS suisse. Elle est également présente «sur le terrain» en tant que municipale à Kloten (ZH). En cas de succès de ce duo, la majorité de l’exécutif pourrait passer à gauche.

La partie n’est, toutefois, pas gagnée d’avance pour la ministre de la justice Jacqueline Fehr (PS). La droite lui reproche de ne pas avoir communiqué de manière transparente sur l’affaire des fuites de données, survenues dans son département à l’époque de ses deux derniers prédécesseurs. Profitant du contexte électoral, le camp bourgeois pourrait ouvrir une enquête parlementaire à ce sujet.
Pour le PLR et Le Centre également, l’élection au Conseil d’État s’annonce délicate. Les libéraux-radicaux auront de la peine à faire élire le directeur du «think tank» Avenir Suisse, Peter Grünenfelder, aux côtés de la sortante Carmen Walker Späh, ministre de l’économie. Les sondages le donnent clairement battu. Son parti échouerait donc dans sa tentative de récupérer le second siège cédé aux Verts en 2019.
Quant à la ministre centriste Silvia Steiner, elle y figure en huitième position, au coude à coude avec Priska Seiler-Graf, septième. Elle ne dispose que d’une faible assise électorale, son parti n’étant qu’un «petit poucet» dans le canton de Zurich. De plus, elle s’est exposée à la critique durant la législature en tant que ministre de l’éducation, en raison de la crise pandémique et de la pénurie d’enseignants.
Ministres de l’UDC et des Verts: le vent en poupe
La réélection des trois autres conseillers d’État semble, en revanche, garantie. Derrière Mario Fehr, les UDC Natalie Rickli et Ernst Stocker complètent le podium dans les sondages. La ministre de la santé a fait bonne figure durant la pandémie et le grand argentier constitue un pilier incontesté du gouvernement. Quatrième des intentions de vote, le Vert Martin Neukom a fait passer avec succès sa réforme énergétique.
En revanche, les chances des quatre candidats restants semblent bien faibles. Le Vert’libéral Benno Scherrer est peu connu du grand public, alors qu’Anne-Claude Hensch (gauche alternative), Daniel Sommer (PEV) et Hans-Peter Amrein (sans parti, ex-UDC) ferment la marche dans les sondages, qui ne tiennent pas compte des candidatures «exotiques».

Majorité climatique menacée
Au parlement, les équilibres en place pourraient bouger. Il y a quatre ans, Verts et Vert’libéraux ont bénéficié de la vague climatique pour se renforcer et faire pencher la balance en faveur des forces progressistes et protectrices de l’environnement.
L’«Alliance climatique» est composée des deux partis écologistes, du PS, de la gauche alternative et du PEV. Elle a servi de base politique aux réformes du ministre vert des infrastructures et se montre notamment favorable à une extension des zones 30 dans le canton. Cette majorité voit d’un œil critique le projet d’allongement des pistes de l’aéroport.
Selon les récents sondages toutefois, le PS et les Verts pourraient perdre des plumes en faveur des Vert’libéraux et d’un Centre légèrement renforcé par la fusion entre PDC et PBD. Le PLR progresserait en raison de la crise énergétique et économique. En perte de vitesse dans le canton depuis une vingtaine d’années, le plus grand parti, l’UDC, poursuivrait sa baisse. Partis bourgeois et Alliance climatique se retrouveraient à égalité.
Sur les 180 sièges du Grand Conseil, l’UDC compte actuellement 44 députés, le PS 34, le PLR 29, le PVL 24, les Verts 20, le Centre 9, le PEV 8, la gauche alternative 6, l’UDF 3 et le PCS 1, deux députés étant sans parti.
ATS
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