L'ex-agent double victime d'un mystérieux poison
Un ancien espion russe et sa fille ont été retrouvés inconscients sur un banc à Salisbury, au sud de Londres. Une affaire qui rappelle celle de Litvinenko.

À dix jours de la présidentielle russe, l'affaire fait grand bruit. Sergueï Skripal, un ancien agent russe condamné pour espionnage au profit du MI6, les services secrets de Sa Majesté, et sa fille de 33 ans, Yulia, ont été retrouvés inconscients dimanche sur un banc près d'un centre commercial de Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Les deux individus qui ne présentaient «aucune lésion apparente» ont été placés en soins intensifs dans un état critique. Ils sont «traités pour une exposition présumée à une substance toxique», a précisé la police du comté de Wiltshire. Plusieurs membres des services de secours qui ont été en contact avec les Skripal ont été examinés et l'un d'entre eux restait en observation mardi. Par ailleurs, la zone où ils ont été retrouvés était toujours interdite d'accès, mardi.
L'ancien colonel Sergueï Skripal dont la femme, le fils et le frère aîné sont tous morts au cours des deux dernières années, selon la BBC, est loin d'être un inconnu. Agent du GRU, les redoutables services de renseignements de l'armée russe, jusqu'en 1999, il a ensuite passé quatre ans au ministère russe des Affaires étrangères, avant de devenir professeur à l'Académie militaro-diplomatique du Ministère de la défense.
Haute trahison
La carrière de Skripal s'est brusquement interrompue en 2004, avec son arrestation par le FSB (ex-KGB). Accusé de «haute trahison» au profit des renseignements britanniques qui l'auraient recruté dès 1995, il a été condamné à 13 ans de prison en 2006. Lors de son procès, l'agent double a reconnu avoir empoché 100 000 dollars pour fournir au MI6 des dizaines de noms d'agents russes opérant en Europe.
Skripal a été gracié par le président Dmitri Medvedev en 2010 dans le cadre d'un échange avec trois autres camarades espions contre dix agents «dormants» du Kremlin basés aux États-Unis, dont Anna Chapman, une jeune femme d'affaires russe surnommée la «nouvelle Mata Hari». Au terme de cet échange historique, le plus important depuis la fin de la guerre froide, il s'était réfugié en Angleterre où il menait une vie discrète sous sa véritable identité, précise The Times.
Le Kremlin, qui n'a pas encore été officiellement sollicité mais qui se dit prêt à une éventuelle collaboration avec les enquêteurs britanniques, a déclaré n'avoir aucune information. «Vous savez pourquoi il était en Occident, à la suite de quelles actions et décisions, je ne vais pas revenir dessus», a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.
Reste que les circonstances troublantes de cette affaire en rappellent une autre, celle de Litvinenko, du nom de l'ex-agent du FSB et opposant à Vladimir Poutine, empoisonné en 2006 à Londres au polonium 210, une substance radioactive extrêmement toxique, et dont la mort avait déclenché un incident diplomatique majeur. La justice britannique avait mis en cause les autorités russes, concluant que Vladimir Poutine, avait «probablement approuvé» l'homicide de l'ex-espion.
Réponse «ferme»
Sergueï Skripal «ne représentait plus un danger pour la Russie», s'est empressé d'affirmer de son côté mardi le député Andreï Lougovoï, un ancien agent du KGB soupçonné par la police britannique d'être à l'origine de l'empoisonnement de Litvinenko avec Dmitri Kovtoun… Kovtoun, pour sa part, a aussitôt dénoncé «une provocation pour discréditer les autorités russes à la veille de l'élection présidentielle» du 18 mars. «Il est peu probable que les services secrets aient pu souhaiter le tuer, il n'était personne, à la différence de Litvinenko avec qui il était possible de créer un scandale politique très sérieux, ce qui s'est produit», selon Alexandre Mikhaïlov, général de réserve des services de renseignement russes du FSB.
«Si l'enquête démontre la responsabilité d'un État, le gouvernement répondra de façon appropriée et ferme», a déclaré devant le parlement britannique le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson. «Aucune tentative de prendre une vie innocente sur le sol britannique ne restera impunie», a-t-il ajouté.
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