L’offre culturelle surabondante dans notre région semble avoir retrouvé son niveau d’avant pandémie. On avait un temps pronostiqué un ralentissement lié à une situation de saturation. Sous l’angle de la musique classique et des festivals en particulier, le constat est tout autre. On assiste ce printemps à une floraison époustouflante de manifestations aux formats très variés, mais qui réussissent à tirer leur épingle du jeu, malgré l’arrivée de nouveaux acteurs dans le circuit.
«Le public est plus volatil que jamais, réservant à la dernière minute, sauf pour les rares têtes d’affiche.»
Le week-end dernier, on avait le choix entre l’offre colorée et gratuite du 10e Week-end musical de Pully et les propositions de grande classe du 2e Vevey Spring Classic. Les deux rendez-vous de musique de chambre ont cartonné, avec plusieurs salles combles et un public enthousiaste. La frilosité de l’an dernier à la même époque est bel et bien oubliée!
Les enjeux des organisateurs ne sont pas pour autant facilités. Le public est plus volatil que jamais, réservant à la dernière minute, sauf pour les rares têtes d’affiche. Et le profilage artistique prend toujours plus d’importance. Pour ne prendre que des projets récents, il y a un monde entre les propositions rafraîchissantes du festival Les Ondes de Beatrice Berrut au bord du Rhône à Monthey les 3 et 4 juin et les exclusivités gourmandes du 3e Lucens Classique niché dans son vénérable château du 30 juin au 2 juillet. Mais la musique trouvera certainement son compte dans l’un et l’autre lieu.
Folies du mois de mai
Auparavant, le mois de mai 2023 verra refleurir les 7es Folles Journées Bach de Lutry, du 24 au 28 mai, volet festivalier des Concerts Bach, lesquels préparent déjà leur 65e saison! Le même week-end de Pentecôte, en plus pointu dans la pratique sur instruments d’époque, La Folia, à Rougemont, fait vibrer l’église Saint-Nicolas pour la 23e fois. Quelques jours après, l’Auditorium Stravinski accueille un Septembre Musical Montreux-Vevey anticipé en raison de travaux. La programmation dédiée à la France, à ses chefs-d’œuvre et ses solistes vedettes offre un splendide panorama des orchestres hexagonaux, du 31 mai au 8 juin.
Quant au Lavaux Classic du 13 au 25 juin, sa 20e édition est toujours centrée autour de Cully, avec quelques excursions ici et là dans les villages voisins. On espère que le retour du festival off fera renaître son esprit hédoniste et espiègle cultivé jusqu’en 2019. Mais ce qui frappe, à Cully comme ailleurs, c’est le panachage des genres, avec une génération de musiciens et de programmateurs qui ose brouiller les frontières entre classique, jazz, musiques du monde, création contemporaine et références cinématographiques. Estampillés classiques, les festivals de la région peuvent espérer attirer au-delà des puristes: si Jane Birkin ne viendra finalement pas à Montreux, Richard Galliano y sera!
Et tout cela n’est qu’un prélude à l’été qui aligne, comme de coutume, les grands rendez-vous alpestres. Sans surprise, on aura une affiche haut de gamme au Verbier Festival pour sa 30e édition et, à un niveau équivalent, une prise de conscience écologique à Gstaad. L’institution fondée par Menuhin se place sous le signe du «Changement» pour les trois années à venir. Si ce changement-là permet de préserver une biodiversité naturelle et culturelle, tout le monde sera gagnant.
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Carte blanche – L’étonnant printemps de la musique classique
Les festivals se bousculent joyeusement et le public suit. Tour d’horizon d’un biotope en plein essor.