Ainsi, on va peut-être tuer des cerfs à Genève, canton où la chasse est interdite depuis plus de quarante ans. Afin de limiter la population du plus grand mammifère présent dans notre canton, laquelle ne cesse de croître, les services de l’État veulent procéder à des tirs de régulation. La commission de la biodiversité vient de donner son accord, après d’intenses débats internes.
La balle – si l’on peut dire – est désormais dans le camp du Conseil d’État. C’est lui qui, au final, peut décider d’autoriser ou non ces tirs. Les deux choses n’ont pas vraiment de rapport, mais après l’émoi suscité par le sort du jeune cerf abattu au cimetière de Châtelaine, où il s’était égaré, l’opinion publique est chauffée à blanc. Antonio Hodgers, déjà taxé de bétonneur en chef dans la polémique sur les abattages d’arbres, prendra-t-il le risque de passer en plus pour le fossoyeur de Bambi? À deux ans des élections cantonales, ça sent le piège à plein nez.
«On bichonne nos chats et nos chiens, mais on oublie que derrière les barquettes de viande sous vide que nous achetons par kilos au supermarché, il y a aussi des êtres vivants.»
Ce que ces deux affaires mettent en lumière, c’est notre rapport schizophrène à la nature et aux animaux. On bichonne nos chats et nos chiens, mais on oublie que derrière les barquettes de viande sous vide que nous achetons par kilos au supermarché, il y a aussi des êtres vivants. On se scandalise déjà à la perspective de quelques cerfs abattus, mais des centaines de sangliers le sont chaque année dans l’indifférence quasi générale. «Rien n’est constant dans ce monde que l’inconstance», disait Jonathan Swift.
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L’éditorial – L’État osera-t-il abattre Bambi?
Afin de limiter le nombre de cerfs dans le canton, en constante augmentation, le Conseil d’État va décider si il pourra être autorisé ou non de procéder à des tirs de régulation.