Quelle est votre place préférée? (8/8)L’esplanade Alice-Bailly, un jardin devant le théâtre
Cet espace de verdure entre la nouvelle Comédie et la gare des Eaux-Vives résulte d’une première étape d’aménagement et n’est pas encore terminé.

Accolée à la nouvelle Comédie, elle est accessible par de grands escaliers un peu décourageants ou des ascenseurs vitrés émergeant depuis la gare des Eaux-Vives.
L’esplanade Alice-Bailly, du nom d’une artiste peintre genevoise, est piétonne et comporte en son centre un jardin composé de chênes verts qui ne perdent jamais leurs feuilles, de savonniers, de cerisiers à fleurs du Japon et de sophoras. Certains de ces jeunes arbres pourraient encore doubler de taille à terme. Puissent-ils camoufler un peu les cheminées CFF qui sortent en surface.

Square sur dalle
Sur le pourtour sont disposés de grands bacs en bois qui permettent de s’asseoir. Ils sont cernés, le long des arcades, par un revêtement lisse dont les joints sont censés être enherbés quand la sécheresse n’est pas passée par là. «C’est un square sur la toiture d’une galerie commerciale, on est sur une dalle, précise l’architecte Béatrice Manzoni, chargée du projet. On ne voulait pas d’un effet plantes en pot, donc on a imaginé de grands decks ombragés.»
Largement adoptés, on y voit notamment courir des enfants. Comme dans tout ce nouveau quartier, les travaux ne sont pas terminés, et à son extrémité, une fontaine d’eau recyclée à débordement est en train d’être finalisée. Ses abords seront réengazonnés et son éclairage de nuit ne manquera pas de charme. L’esplanade sera prolongée en longueur ces prochaines années.
Dépourvue de commerces, elle vit surtout au rythme du théâtre. Trois terrasses de restaurant se partagent une clientèle encore volatile, qui, quand elle vient pour l’avant-spectacle, n’a qu’une heure pour manger. La gestion de l’espace public semble satisfaire un des serveurs de la place: «C’est bien réalisé, on est en pleine ville, mais on ne s’en rend pas compte, il y a un petit air de campagne.»

Pique-nique sur bois
Le matin des prises de vue, une personne sans-abri s’est discrètement installée derrière l’ascenseur. Elle sera très vite délogée sous nos yeux par deux agents de sécurité. Sur les assises en bois, des personnes bouquinent, d’autres viennent déjeuner sur le pouce, ou avaler une pizza à emporter de chez Gigi. Il flotte parfois une odeur de cannabis.
Nadia habite à Grange-Canal et se confie avant d’entamer son sandwich. Elle se dit «moyennement» satisfaite du résultat. «Je me réjouissais beaucoup, mais, avec l’herbe, cet endroit s’est transformé en parc à chiens. Au début, on était très enthousiastes, jusqu’à ce que les propriétaires de chiens indélicats ne respectent pas les lieux. Peut-être qu’il aurait fallu mettre des panneaux pour les sensibiliser.» Un Jack Russell court justement après sa balle, sans débordement.
Lucie, riveraine, est plus enthousiaste. «Cet espace est vraiment réussi, c’est un lieu qu’on investit facilement en famille, d’autant plus quand la Comédie déploie ses chaises longues. C’est un quartier encore en construction, on attend de voir l’ambiance générale.» Chez Credit Suisse, un employé refuse de livrer ses impressions aux journalistes…
Le quartier mute lentement, comme peut l’observer Benjamin Luzuy, à la tête du Bistrot de l’institution culturelle. «Les aménagements sont franchement pas mal. Mais ce n’est pas un endroit où les gens viennent encore flâner facilement. Il y a pas mal de jeunes qui se posent, mettent de la musique en partageant une brique de thé froid de la Migros. Ce ne sont pas eux qui vont venir boire un café chez nous.» Pas plus qu’à La Micheline, son concurrent bistronomique d’en face.

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