Faut-il réécrire le «Cé qu’è lainô»? Cette proposition du député socialiste Sylvain Thévoz vise à débarrasser l’hymne genevois de ses relents guerriers et religieux. Une République laïque peut-elle en effet chanter des couplets à la gloire de Dieu et de l’Escalade?
La démarche du député révèle une curieuse conception de l’histoire. Notre passé est un tout, avec ses violences, ses beautés et ses horreurs, et non un buffet dans lequel on ne choisirait que les plats sucrés.
«D’accord, l’Escalade et ses exécutions ne ressemblent pas à un pique-nique en famille.»
D’accord, l’Escalade et ses exécutions ne ressemblent pas à un pique-nique en famille (enfin, ça dépend peut-être des familles). Mais, en chantant le «Cé qu’è lainô» dans des cérémonies officielles, Genève n’encourage ni la guerre ni la pratique religieuse. Elle rend simplement hommage aux événements sans lesquels notre canton n’existerait pas. La population fait d’ailleurs très bien la distinction entre héritage historique et prosélytisme.
Si nous édulcorons notre chant patriotique, où nous arrêterons-nous? Faudra-t-il remplacer, sur les gravures, la brutale marmite de la Mère Royaume par un bloc de tofu bio, plus doux au crâne des assaillants?
Le «Cé qu’è lainô» n’a pas empêché l’Escalade de devenir une fête pacifique, laïque et joyeuse, qui soude la communauté genevoise par-delà les différences d’origine, de croyance et de pensée. Ne le livrons pas aux ciseaux de la censure.
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L’éditorial: débat sur l’hymne genevois – L’Escalade en version végane
Un député veut rendre les paroles du «Cé qu’è lainô» moins guerrières et religieuses. Faut-il édulcorer notre histoire?