Nous nous y sommes habitués. Ou nous sommes peut-être devenus insensibles. Croiser quotidiennement dans les rues de Genève une voiture de sport de 500 chevaux – et les émissions de CO₂ qui vont avec – paraît normal. Les locaux ne tournent même plus la tête. Restent les photos prises par les touristes pour rappeler le côté exceptionnel de cette mécanique.
Mais le parc automobile genevois – ou simplement suisse, car la situation n’est pas différente sur La Côte, à Zurich ou à Zoug – n’est pas la normalité. En termes d’émissions de CO₂, les voitures qui empruntent nos routes sont les pires du continent. Pour chaque kilomètre parcouru dans sa voiture, un Suisse va polluer deux fois plus qu’un Norvégien, élève modèle européen.
Pourtant, la majorité de nos voitures sont modernes. C’est-à-dire que l’option de versions plus économes existait au moment de l’achat, mais a été ignorée au profit d’un supposé confort. Ou pour une question d’image et d’affichage de statut social.
Notre enquête montre que, contrairement à l’idée reçue, les véhicules des moins riches ne polluent pas plus. C’est le revenu disponible qui pousse les consommateurs vers des voitures toujours plus lourdes, toujours plus puissantes.
Si ceux qui peuvent se le permettre profitaient de l’offre en voitures électriques – de plus en plus large, mais toujours onéreuse – au lieu d’acquérir des moteurs thermiques surpuissants, les émissions de CO₂ chuteraient. La lutte contre le réchauffement climatique ne peut pas se limiter au remplacement des moteurs à essence par de l’électrique, on le sait. Mais si même cette possibilité n’est pas saisie, cela démontre que parier sur la responsabilité individuelle pour régler un problème global a des limites.
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L’éditorial – Les voitures genevoises championnes du CO₂
Les véhicules du canton sont parmi ceux qui dégagent le plus d’oxyde de carbone en Europe. Ceux qui pourraient s’offrir des voitures propres ne le font pas, ou trop peu.