Après la débâcle de SVBLes valeurs bancaires trinquent en Bourse, Credit Suisse dévisse
L’action Credit Suisse s’est enfoncée à un niveau historiquement bas lundi. D’autres titres continuaient de plonger.

Les titres bancaires reculaient nettement lundi midi à la Bourse suisse, poursuivant leur baisse entamée vendredi soir suite aux déboires de plusieurs banques américaines. La faillite de SVB soulevait des interrogations sur la poursuite du resserrement monétaire par la Fed.
À 14h51, l’action Credit Suisse chutait de 12,9% à 2,173 francs, après avoir brièvement atteint un nouveau plancher historique à 2,115 francs et dans des volumes particulièrement élevés de 162 millions de titres échangés. La nominative a été brièvement suspendue de cotation.
La capitalisation boursière de la banque aux deux voiles s’est quant à elle évaporée d’environ 20% depuis la fin de l’année dernière à 8,7 milliards de francs.
Un porte-parole de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a indiqué «avoir pris connaissance» de la couverture médiatique sur les banques américaines et «observer la situation de près», dans une réaction envoyée à l’agence AWP. Cependant, le régulateur «ne commente pas» ces articles.
La Finma dit «évaluer l’exposition directe et indirecte des banques et des assureurs placés sous sa surveillance par rapport aux établissements concernés». «L’objectif est de reconnaître à temps un cumul des risques et un risque de contagion», a ajouté le porte-parole.
Indice vedette en retrait
Parmi les autres valeurs bancaires, UBS perdait 6,3% à 17,98 francs et Julius Bär baissait de 5,4% à 56,38 francs, dans un indice vedette SMI en retrait de 1,57%.
Aux Etats-Unis, Silicon Valley Bank (SVB) a été fermée vendredi par les autorités. Sa disparition représente non seulement la plus grande faillite bancaire depuis celle de Washington Mutual en 2008, mais aussi la deuxième plus grosse défaillance d’une banque de détail aux États-Unis, a rappelé l’agence AFP. La banque, spécialisée dans le financement des jeunes pousses, ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients, principalement des acteurs de la tech, et ses ultimes tentatives de lever de l’argent frais n’ont pas abouti.
La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance de deux autres banques, Signature Bank et Silvergate Bank, plus petites mais connues pour leurs liens particuliers avec le milieu des cryptomonnaies.
Réaction de la Réserve fédérale
La Réserve fédérale américaine (Fed) s’est engagée à prêter les fonds nécessaires à d’autres établissements qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Ces mesures ont été prises conjointement par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la Fed et l’Agence de garantie des dépôts (FDIC), après consultation avec le président américain Joe Biden.
Commerzbank a estimé que la forte hausse des taux directeurs par la Fed a conduit à des tensions sur les bilans des établissements américains. Les banques commerciales aux États-Unis avaient fin 2022 quelque 5900 milliards de dollars de titres de valeur dans leurs bilans, représentant un quart de leurs actifs. La hausse des rendements a cependant conduit à une baisse de cours sur ces titres.
«Difficultés supplémentaires»
Les problèmes aux bilans des banques américaines soulèvent des interrogations quant à la prochaine réunion de la Fed, les 21 et 22 mars et «pour laquelle les marchés avaient déjà anticipé une hausse de 50 points de base» des taux directeurs, ont ajouté les experts de la banque allemande. Alors que les chiffres de l’emploi et de l’inflation aux États-Unis vont en faveur d’un resserrement monétaire, l’épisode SVB pourrait jouer en faveur d’une hausse moins importante «afin de ne pas provoquer de difficultés supplémentaires pour le secteur bancaire». Le marché ne table d’ailleurs plus que sur un relèvement de 25 points de base.
Dans la foulée, les intervenants vont aussi retenir leur souffle en vue de la réunion de politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS) le 23 mars.
Revenant sur les marchés européens, les analystes de Keefe, Bruyette & Woods (KBW) ont remarqué que, même si les valeurs bancaires souffraient ce lundi, les différences entre SVB et ses homologues européennes étaient importantes, tout comme les tendances sur les marchés bancaires sur le Vieux continent et outre-Atlantique.
ATS
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.