Série en streaming Les vaches de «Neumatt» font le beurre de Netflix
Depuis quelques jours, la création SRF en patois suisse alémanique se mate dans 190 pays, troisième série à être achetée par la plateforme.

«Neumatt», une création SRF, s’ajoute depuis quelques jours aux deux productions suisses, «Le croque-mort (2015) et «Station Horizon» (2017), dans l’océan des séries diffusées sur Netflix. Si le butin reste maigre et le montant des sommes échangées reste par accord contractuel caché, Kai Finke, Netflix Director Content pour l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, se déclarait confiant dans la revue professionnelle «Cinébulletin»: «Nous continuons à miser sur les colicences et les coproductions dans tout l’espace germanophone. Je me réjouis donc tout particulièrement de notre nouveau partenariat avec la SRF et Zodiac Pictures.»
«Neumatt 2» déjà tourné
Réalisé par le Fribourgeois Pierre Monnard et la Zurichoise Sabine Boss en patois suisse alémanique – doublé dans 30 langues à l’export vers 120 pays, «Neumatt» a enregistré une part de marché de 35,2% lors de sa diffusion sur la chaîne nationale en septembre dernier et reste depuis accessible sur Play Suisse gratuitement. Une deuxième saison est d’ores et déjà prévue pour le printemps 2023, qui pourrait, comme c’est le cas sur des séries françaises à haute visibilité, connaître alors une exploitation à peine différée sur différents canaux.
Pour mémoire, la votation de la récente «Lex Netflix» oblige les gros opérateurs à participer à hauteur de 4% de leurs bénéfices à la création suisse. Avouons que «Neumatt» possède de solides arguments pour susciter les enthousiasmes. Avec le même sens du rythme déployé dans le récent «Hors saison», le réalisateur Pierre Monnard donne une réelle qualité cinématographique à sa mise en scène.
Pas de clichés bourrins
Sur une idée de Petra Volpe, créatrice notamment de «L’ordre divin», récipiendaire comme Pierre Monnard et Sabine Boss de nombreux Prix du cinéma suisse, le scénario plonge dans l’univers de la paysannerie suisse mais échappe aux clichés bourrins. Après le suicide du père, un jeune affairiste qui mène à Zurich la gay vie du «golden boy» surdoué rentre à la ferme familiale, dans l’Oberland.

Son petit frère est en train de passer son brevet d’agriculteur, sa sœur aînée, mère célibataire d’une ado en crise, tient une salle de fitness périclitante, sa mère essaie de rester debout. La grand-mère picole et râle en vieille sorcière du logis, seule touche vraiment folklorique de ce tableau de famille.

Car la réalité guette derrière chaque botte de foin. L’affaire croule sous les dettes, l’exploitation laitière étant menacée par les grands conglomérats. De la traite des bêtes à celle des hommes, du bucolique rural à la frénésie urbaine, de coming out douloureux en amours adolescentes, de banquiers cupides en paysans butés, «Neumatt» réussit à extraire le jus pur des feuilletons racés. De quoi dégommer quelques archétypes touristiques sur les vaches suisses et ceux qui pellent leur fumier.
Play Suisse et Netflix, 8 X 48’
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres!
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