Les supermarchés suisses se portent bien. Malgré l’inflation, la consommation ne fléchit pas. Les deux plus grands distributeurs ont annoncé des chiffres d’affaires records, mais n’ont pas voulu compenser le renchérissement pour leurs employé∙e∙s qui, eux, s’appauvrissent. Les femmes sont les plus touchées. Ce phénomène renforce hélas les inégalités.
Pendant la pandémie, le secteur de la grande distribution a connu une période faste. Privés de restaurants ou de vacances à l’étranger, les consommatrices et les consommateurs ont fait plus d’achats au supermarché. Lorsque les restrictions ont été levées, l’hiver dernier, le chiffre d’affaires du secteur a légèrement diminué. Mais pour les produits alimentaires, il est encore supérieur de plus de 10 pour cent à ce qu’il était avant l’apparition du virus.
«Dans cette branche, la proportion de bas salaires est deux fois plus élevée que la moyenne suisse.»
Les grands distributeurs se portent donc toujours bien. D’autant mieux qu’ils maintiennent les prix bas pour leurs fournisseurs et élevés pour les clients. Pour la viande de porc, le fromage ou le poisson, les prix ont même davantage augmenté dans le commerce de détail que chez les producteurs!
Dans ce contexte prospère de forte activité commerciale, les employé∙e∙s en font toujours plus. On estime que la productivité dans le commerce de détail a augmenté de 6% depuis 2020. Il manque du monde, les journées à rallonge se multiplient, les horaires flexibles et modifiés au dernier moment sont la règle, le stress augmente. Ceux qui créent la richesse des grandes enseignes, ce sont donc aussi, et même surtout, les employé∙e∙s au front!
La logique la plus élémentaire voudrait que ces derniers bénéficient de la croissance de leur secteur. Il n’en est rien. Les salaires de la branche, déjà à la traîne par rapport à la moyenne suisse, ne décollent pas. Les grands détaillants ont même refusé de compenser intégralement le renchérissement cette année. Par conséquent, les employé∙e∙s se retrouvent aujourd’hui avec moins de pouvoir d’achat qu’avant l’envolée du commerce de détail. Ils sont frappés de plein fouet par la hausse des primes d’assurance maladie, l’augmentation des loyers et du prix de l’énergie.
Les inégalités salariales s’accentuent
Dans cette branche, la proportion de bas salaires est deux fois plus élevée que la moyenne suisse. Deux tiers du personnel sont féminins. Leurs bas revenus creusent le phénomène d’inégalité salariale entre les femmes et les hommes. En Suisse, l’écart est toujours de près de 20% en moyenne dans le secteur privé. Au lieu de diminuer, les discriminations tendent à augmenter.
Lors de la nouvelle grande grève des femmes du 14 juin prochain, le syndicat Unia sera au rendez-vous avec toutes celles et ceux qui disent «non» au creusement des inégalités et réclament plus que jamais du respect pour leur travail, du temps pour leur famille et de l’argent pour vivre dignement.
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L’invitée – Les supermarchés prospèrent, les femmes casquent
Véronique Polito demande des augmentations de salaire pour le personnel de la grande distribution.