La Comédie de GenèveLes «STARs» de Pascal Rambert ne s’allument pas
Fidèle en amour, la codirection du théâtre aux Eaux-Vives poursuit son idylle avec l’auteur, cinéaste et metteur en scène niçois, et produit sa pâlichonne nouvelle création.

Le Français Pascal Rambert aime les face-à-face. Celui qu’il avait orchestré en 2011 au sein d’un couple en crise, «Clôture de l’amour», l’avait mis sur orbite planétaire pour ses dialogues implacables. Dans «Perdre son sac» que Denis Maillefer avait mis en scène en 2019, une jeune femme prenait âprement des passants à partie, tandis qu’à travers «Nos parents», toujours à la Comédie, vingt étudiants de la Manufacture déclaraient leur (dés)amour à leurs géniteurs: quelques exemples piqués d’une prolifique carrière. Au fil du temps et de la trajectoire de l’artiste né en 1962, les affrontements se sont édulcorés, cédant peu à peu le terrain à une plus mièvre bien-pensance.
Acteurs et travailleurs deux par deux
Cette ellipse voit aujourd’hui naître «STARs», un projet à nouveau autofictionnel qui fait graviter six anonymes travaillant dans le secteur des services (merci la pandémie) et six acteurs professionnels leur tenant lieu de satellites autour d’un axe scientifique qu’assure Frédéric Plazy, directeur de la susmentionnée Manufacture après avoir étudié l’astrophysique. Un petit monde qui tourne rond, au cœur duquel se dissémine toute une constellation de collaborateurs amis.

Les complices Audrey Bonnet, Lola Giouse, Marie-Madeleine Pasquier, Gwenaëlle Vaudin et Davide Brancato, auxquels s’ajoutent le nouveau venu Roberto Molo et la cristalline Yvette Théraulaz, interrogent donc, entre les parois d’une «white box» suréclairée, qui l’infirmière Gidia immigrée du Portugal, le Palestinien Sami caissier chez Aligro ou Macumbi l’agent de nettoyage angolais, les invitant notamment à évoquer «le ciel de leur enfance». Les ayant écoutés avec empathie, chaque comédien presse une main bienveillante sur l’épaule de son interlocuteur prolétaire et porte en conclusion la parole de son auteur-metteur en scène pour une individuelle bénédiction. Pendant ce temps, pieds nus, les corps parcourent lentement le cosmos en silence, troué ponctuellement de vulgarisations astronomiques à deux voix. Le tout fois six, pour arriver à bout d’un système solaire bien blême.
«STARs» jusqu’au 2 avril à la Comédie, www.comedie.ch
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