FauneLes spécialistes déconseillent de nourrir les milans noirs
Certains Genevois ont pris l’habitude de nourrir les milans noirs, ces rapaces présents en Suisse entre mars et août pour la période de reproduction. La pratique est déconseillée par les spécialistes.

On les reconnaît à leur queue concave et à leur couleur chocolat. Les milans noirs, rapaces et grands migrateurs, sont bien connus en Suisse et particulièrement au bout du lac qui compte «près d’un cinquième de la population helvétique» selon le site du canton. Une présence qui s’explique tout simplement par «le fort potentiel nutritionnel de la zone», relève Patrick Jacot, responsable du Centre ornithologique de réadaptation à Genthod. Ce potentiel permettrait aux oiseaux de trouver tout ce qu’il leur faut pour pouvoir s’alimenter correctement.
Pourtant, de nombreuses personnes prises d’affection, ou simplement admiratives, ont pris l’habitude de les nourrir. Une pratique fortement déconseillée par les spécialistes. «Nous ne possédons pas de base légale stricte concernant l’interdiction du nourrissage des milans noirs à Genève, en dehors des réserves, mais nous le déconseillons fortement», reconnaît Gottlieb Dändliker, inspecteur cantonal de la faune.
«Les milans noirs sont des oiseaux charognards et opportunistes, poursuit-il. Ils se nourrissent de ce qu’ils trouvent (ndlr: cadavres de poissons, déchets, petits animaux…) et, en cela, ce n’est pas dramatique de leur donner à manger. Le problème serait de créer une dépendance vis-à-vis de l’homme ou de les nourrir avec des aliments inadaptés à leur organisme et ce n’est pas aux humains de nourrir les animaux sauvages.»
Plus de mal que de bien
S’ils ne sont pas favorables à cette pratique, les deux spécialistes donnent malgré tout quelques conseils à ceux qui continuent de nourrir ces rapaces. «Il est interdit de leur donner à manger dans les zones aéroportuaires en raison du danger d’accident élevé», commence Patrick Jacot.
Et Gottlieb Dändliker d’insister sur un autre point: «Ceux qui les nourrissent doivent être conscients qu’ils s’exposent à des poursuites, notamment des services vétérinaires, car il est souvent question de distribution de morceaux de viande. Ces derniers s’échappent facilement du bec des milans noirs pour atterrir dans des champs ou d’autres espaces fréquentés par le public et la faune, créant ainsi un risque sanitaire.»
Le problème se situe aussi du côté des rapports entre voisinages. «Il y a des quartiers où les gens jettent la nourriture par les fenêtres pour attirer les oiseaux et les voir voler. Si certains admirent le spectacle, d’autres ne sont pas toujours ravis de cette présence», conclut Patrick Jacot. Plusieurs cas ont déjà été signalés dans le canton.
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