ClivageLes négociations sur le climat sont dans l'impasse
Présent à Lima, le vice-président des Verts de la ville de Genève se voulait fataliste face au clivage persistant entre Nord et Sud.

Les négociations étaient dans l'impasse samedi 13 décembre à Lima après plus de deux semaines de discussions sur les engagements à prendre courant 2015 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elles étaient bloquées par le clivage persistant entre Nord et Sud.
L'espoir d'arracher rapidement un compromis sur la base d'un nouveau texte rédigé dans la nuit de vendredi à samedi a été douché par plusieurs interventions en séance plénière. Un accrochage de dernière minute a notamment opposé Chinois et Américains.
«Il nous faut parvenir à un consensus ici à Lima, mais vu la situation nous constatons que nous sommes dans une impasse», a déclaré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Liu Zhenmin. A ses yeux, le «projet d'accord doit être amendé afin de refléter davantage les différences entre pays développés et en développement».
«Plus le temps»
«Nous allons proposer de nouvelles formulations (...) mais nous n'avons pas le temps de nous lancer dans de nouvelles négociations interminables, nous le savons tous.
Le temps presse», lui a répliqué l'Américain Todd Stern. Celui-ci a exhorté tous les participants à accepter le texte de compromis, soulignant qu'un échec à Lima serait considéré comme un «grave revers» qui menacerait la conférence de Paris de décembre 2015 et mettrait en cause la crédibilité de l'Onu.
L'Union européenne, la Russie et d'autres pays développés ont accepté le texte de compromis fixant les mesures à prendre par tous les participants avant le sommet de Paris.
Mais de nombreux pays en voie de développement ont estimé que cet accord ne réclamait pas assez d'efforts aux pays riches, notamment sur le financement de la lutte contre le réchauffement et sur le mécanisme de compensation censé faire face aux conséquences de ce réchauffement - tempêtes, inondations, élévation du niveau des mers.
Mesures insuffisantes
Les contributions doivent faire état des objectifs nationaux de réduction pour qu'au niveau global, les émissions baissent de 40 à 70% d'ici à 2050, une nécessité pour parvenir à limiter à 2°C la hausse de la température de la planète.
Au-delà de ce seuil, les scientifiques estiment que les impacts seraient graves et irréversibles, et mettraient en danger de nombreuses populations. Le projet de compromis exprime toutefois de «graves inquiétudes» et estime insuffisantes les mesures visant à limiter la hausse des températures à deux degrés.
Les pays riches souhaitent que les engagements, ou contributions nationales, soient centrés sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre et qu'ils s'appuient sur des informations précises et transparentes, pour rendre possible une évaluation.
De nombreux pays du Sud ne sont prêts à des engagements précis sur les trajectoires de réduction d'émissions qu'en échange de garanties financières pour atteindre ces objectifs, comme pour s'adapter au réchauffement et à ses impacts grandissants.
Responsabilité différenciée
La Convention de l'Onu sur le changement climatique, signée en 1992, reconnaît «une responsabilité commune mais différenciée» dans le réchauffement à deux catégories de pays - développés et en développement.
Cette approche binaire est aujourd'hui remise en cause par les pays développés qui mettent en avant l'essor des économies des pays émergents (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) pour exiger un partage différent dans les efforts de réduction de gaz à effet de serre comme dans les soutiens aux pays les plus vulnérables.
Observateurs amers
L'impasse constatée samedi laissait amers de nombreux observateurs. Matthieu Orphelin, de la Fondation Nicolas Hulot, regrettait ainsi que les négociateurs «n'entendent pas l'urgence à agir» dictée par la science et relayée par la mobilisation de la société civile.
Présent à Lima, le vice-président des Verts de la ville de Genève Jean Rossiaud était plus fataliste. «Je pense qu'il n'y aura pas d'accord ni à Lima ni à Paris, en tout cas pas à la hauteur de ce qui est nécessaire», a-t-il dit sur les ondes de la RTS.
Selon lui, «la société civile et les mouvements sociaux défendent des solutions locales au réchauffement climatique plutôt que d'essayer de croire encore à un accord sur le fond».
ats
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