MensongeLes menteries sont à l’honneur à La Julienne
L’association Au bout du conte organise le 4e tournoi de menteries, à La Julienne de Plan-les-Ouates.

Malgré les frimas et la situation internationale, la vie est belle. Pour le prouver, je me propose de vous faire assister à la plus étonnante manifestation que notre belle République a connue depuis sa création au XIXe siècle. En goûtant à la soirée en question, vous aurez la joie, le plaisir et l’honneur de rencontrer la crème et le gotha de notre belle Genève. En effet, accueillis par 21 coups de canons tirés par nos artificiers du Haut de la Treille, les plus célèbres et populaires personnalités du canton défileront main dans la main devant l’Hôtel de Ville avant de se rendre, à pied, écologie oblige, le visage caché sous un masque représentant les grands personnages politiques qui animent avec plus ou moins de bonheur notre monde actuel, dans la coquette salle de La Julienne, où se produiront des amateurs pas plus menteurs que ça. Ils et elles ne diront pas plus de mensonges que ce qu’on entend chaque jour, ou presque, dans les discours politiques de tout bord et les récits fantasmés de nos enfants. Je vous promets que vous ne serez pas déçus.
Un tournoi
L’association Au bout du conte, que j’avais brièvement citée dans mon article sur la Nuit du conte de début novembre, a le plaisir et le bonheur de convier qui le veut et qui le désire à prendre part au 4e tournoi de menteries, qui se déroulera le vendredi 17 février prochain. Mis au parfum par la présidente de l’association, Isabelle Guillot, et son acolyte Jacques Marty, j’ai été très intéressé en apprenant l’existence de ce tournoi. Moi qui rougirais en osant dire bleu clair alors que je pense bleu nuit
Un mensonge
Une menterie, qu’est-ce que c’est? Eh oui, menterie et mensonge ont la même racine. Dire ou faire croire ce qui n’est pas. Selon la définition, la menterie est un propos par lequel on donne pour vrai ce que l’on sait être faux. Mensonge assumé, donc.
Aux origines, la menterie était un genre narratif oral. Il s’agissait d’histoires courtes relatant une anecdote, d’ailleurs souvent vécue, un fait saugrenu, voire impossible. À la campagne, les thèmes de prédilection étaient la chasse, la pêche ou la guerre. La manière de conter faisait que l’on n’essayait pas de tromper l’auditeur. On mentait pour le divertir. La connaissance du sujet laissait soupçonner qu’il ne s’agissait pas d’un témoignage véridique. Poussée à l’extrême, la poétique de la menterie, dans la littérature, se développe à merveille dans les aventures du Baron de Crac ou Münchhausen, ou dans les exploits de Gargantua.
Récit fantastique, la menterie s’inscrit aujourd’hui dans un univers contemporain, voire réaliste. Ainsi, m’a raconté Isabelle Guillot, lorsqu’elle était laborantine, on demandait aux «bleus» du labo d’aller chercher et vite rapporter de l’eau déshydratée!
On trouve de nombreux exemples de tournois de menteries au Québec en Belgique et en France. Ainsi, le village de Moncrabeau dans le Lot-et-Garonne se revendique «capitale mondiale des menteurs depuis près de trois siècles!» L’Académie des menteurs y organise un festival chaque premier dimanche d’août. Pour participer, le Menteur jure de «travestir la vérité, toute la vérité, rien que la vérité»!
La menterie est définie comme un savant mélange de vérité, de mensonge et d’humour. Elle doit paraître aussi vraisemblable que possible afin de convaincre le public et le jury. Sa durée doit être d’environ six minutes. C’est là que résident ses principales difficultés.
Une histoire incroyable
Pour résumer, une menterie est une histoire incroyable qui vous serait arrivée personnellement, que vous avez inventée et qui est racontée sous la forme d’un récit authentique et inédit, malgré ses billevesées ou idées farfelues et sa capacité à se jouer des impossibilités rationnelles. Jubilatoire, la menterie peut rapporter des faits si incongrus qu’ils provoquent le rire, sans que ce soit absolument obligatoire.
Et voilà que depuis quelques années ces joutes oratoires ont lieu aussi à Plan-les-Ouates.
Sans mentir, il n’y a plus de temps à perdre. Notez bien: Tournoi international de menteries vous accueillera pour sa 4e édition le vendredi 17 février 2023 à 20 h dans la salle de La Julienne. Venez donc vous en mettre plein les oreilles et les yeux à l’écoute de récits inouïs! Mieux encore: venez relever le défi, faites-vous menteuses et participez à la joute. Le conteur est un menteur, dit-on. Oui, mais le menteur est un conteur aux aventures extraordinaires, qui assume avec aplomb l’invraisemblance de son histoire. Le vainqueur de la 3e édition, le Belge Dominique Liejoie y défendra son titre!
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