Les meilleures idées pour la rade de demain sont dévoilées
Sur les 70 dossiers déposés, trois projets ont été primés et une mention décernée.
Plonger dans le lac directement depuis le quai Wilson, jouer à la pétanque quelque part entre le Jet d'eau et Baby-Plage ou encore se balader dans la rue du 31 décembre libérée de tous véhicules. Voilà à quoi pourrait ressembler la rade de demain. Grâce au concours d'idées lancé en novembre par la Ville, des dizaines de projets plus ou moins réalisables ont émergé. Des architectes et des étudiants suisses mais aussi allemands, italiens et même bulgares ont planché sur le réaménagement de ce site genevois emblématique. En tout, septante dossiers ont été déposés. Un jury indépendant, présidé par l'architecte local Patrick Devanthéry, en a finalement retenu quatre: trois lauréats ayant fait l'unanimité auprès de ces experts et une mention décernée par la majorité d'entre eux. Tous suisses!
En ce mardi venteux, avant de dévoiler les noms des heureux élus, le maire Guillaume Barazzone rappelle l'enjeu du concours: «Nous avons un site naturel sublime dont le potentiel n'est pas pleinement exploité.» Sur la Rive gauche notamment, l'édile déplore la présence de «bateaux, grues, chantiers lacustres qui n'ont rien à faire à cet endroit».
Membre du jury, l'architecte cantonal Francesco Della Casa confirme en rappelant l'historique du site: «Il a fallu attendre le début du XIXe pour que Fazy et Dufour pensent la rade non plus comme une arrière-cour mais comme le centre de la ville. Elle revêt alors son caractère monumental. Mais on en est resté là. Voire on a peu à peu foutu en l'air l'existant pour arriver à l'actuelle impression d'encombrement désordonné.»
Telle était donc la mission des porteurs de projets: améliorer «la cohérence et la lisibilité» des quais et rendre la rade aux Genevois. Le tout, comme le précise le maire, «dans le respect du patrimoine et en intégrant les aménagements actuels, votés et à venir», tels que la passerelle du pont du Mont-Blanc ainsi que la plage et le port des Eaux-Vives (lire ci-contre).
Nouveaux espaces de baignade
Le premier prix revient à Pierre-Alain Dupraz. Déjà vainqueur du concours de la passerelle du Mont-Blanc et grand connaisseur du site, l'architecte genevois a séduit le jury avec «Au ras de l'eau». «On a vraiment travaillé sur la topographie existante», explique Pierre-Alain Dupraz. Le projet repose sur un aménagement par strates, avec un soin tout particulier pour l'espace compris entre le mur actuel bordant les quais et le bord de l'eau. «On donne une large place à la baignade, grâce à deux nouveaux espaces, dont un au quai Wilson. De quoi compléter l'offre des Bains des Pâquis, bondés en été», poursuit l'architecte.
«Convergence» décroche la deuxième place du classement. «Nous avons eu la surprise en levant l'anonymat des dossiers de découvrir qu'il s'agissait d'un étudiant», souligne le président du jury. Aidé d'un ami nommé Ljirim Seljimi, Maxime Lecuyer, diplômé de l'Hepia, s'est concentré sur le lien entre la ville et les quais. «En nous baladant dans les quartiers attenants à la rade, on s'est rendu compte qu'il manquait cette vue sur le lac», souligne le jeune duo. Leur projet: créer huit pénétrantes piétonnes, débarrassées de la circulation et du stationnement, afin de permettre un accès direct au lac. Telle que la rue du 31 décembre ou celle de Monthoux. L'homogénéité entre les rues et les quais passerait par un même revêtement minéral au sol. «Comme si la rade pénétrait dans la ville. Ou, inversement, pour que les rues conduisent naturellement au lac», indique Maxime Lecuyer.
Le 3e lauréat est lausannois. Avec «Jean-Jacques», le cabinet TRIBU Architecture propose «une émergence insolite et inoubliable sur le lac, accessible depuis la passerelle piétonne et cycliste du Mont-Blanc», selon les mots du jury. D'un diamètre de 140 mètres, un anneau formerait une piscine naturelle alimentée par l'eau du lac, l'anneau lui-même servant de lieu de promenade. Le cabinet a aussi songé à un quai des sports, entre la jetée du Jet d'eau et Baby-Plage, comprenant un skatepark et un terrain de pétanque.
Enfin, «la rade publique», portée par le bureau d'architectes zurichois Dürig, obtient une mention. «C'est un projet radical, commente Patrick Devanthéry. L'architecte part de cette idée simple: je ne veux plus voir un seul bateau.» Pour procéder à ce grand nettoyage, il propose de créer «un improbable port», situé en dessous du niveau du lac!
Place au débat public
Si cette dernière idée paraît peu réaliste, la question de l'avenir des autres projets se pose. Patrick Devanthéry rappelle qu'il s'agit là d'«un concours d'idées. C'est une pratique peu courante car elle ne débouche pas sur un mandat. Les architectes participent «presque» pour la gloire.» Sur les 500 000 francs qu'a coûtés le concours, la moitié a tout de même servi à récompenser les quatre lauréats.
L'avantage de cette formule, relève Isabelle Charollais, directrice du Département des constructions et de l'aménagement de la Ville et membre du jury, c'est que «contrairement à un concours de projet, on n'est pas contraint d'en choisir un seul. Ici, on peut construire un projet à partir des quatre propositions qui s'avèrent d'ailleurs complémentaires.»
Quid du calendrier et du financement? «On n'en est pas là, répond Guillaume Barazzone. Le concours d'idées suscite le débat. Les associations, les élus, les habitants vont pouvoir donner leur avis.» Notamment après avoir découvert les projets à travers des expositions ou en téléchargeant l'application 360°. Enthousiaste mais prudent, le maire conclut: «Ce sera difficile et lent car c'est un site protégé.»
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«Notre boulot: dégager les quais»
Le calendrier du concours d'idées n'a pas été choisi au hasard. Comme le rappelle le maire Guillaume Barazzone, «le projet de la plage des Eaux-Vives, porté par le Canton, va offrir des possibilités de baignade mais il va aussi permettre de déplacer un certain nombre d'éléments occupant actuellement la Rive gauche.»
Concrètement, la plage des Eaux-Vives, prévue pour 2019, s'étendra sur une diagonale allant de Baby-Plage au port de la Nautique. Le projet comprend aussi un nouveau port public de 226 places d'amarrage et 245 places pour dériveurs. De quoi accueillir les bateaux amarrés actuellement quai Gustave-Ador. S'ajoute une extension de la Nautique. Pour rappel, la rade compte 1600 places d'amarrage.
«Nous allons aussi déplacer les pêcheurs. Finies les cabanes éparses et inesthétiques, nous leur installerons des locaux modernes et une écloserie en bout de plage. On pourrait même imaginer un marché aux poissons», précise Luc Barthassat, conseiller d'Etat en charge du Département de l'environnement, des transports et de l'agriculture. «Notre boulot, c'est d'offrir des perspectives pour dégager les quais», lance Luc Barthassat. Autre projet qui va dans ce sens: l'aménagement du site du Vengeron, qui accueillera les entreprises nautiques sises sur les quais. «Un projet de loi sera déposé au début de 2018 pour modifier l'affectation de cette zone. Il faudra en parallèle adopter un crédit de construction. Les travaux pourraient débuter en 2020 et aboutir en 2023», indique le conseiller d'Etat.
«A mes yeux, ce sont ces projets qui changent la donne, renchérit Guillaume Barazzone. Le concours d'idées prend tout son sens justement parce que les quais vont être dégagés.» Aux sceptiques, l'architecte cantonal Francesco Della Casa rétorque: «Marseille a réussi à désencombrer son vieux port en six mois, c'est donc possible.»
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