Les élus romands partent en guerre contre «No Billag»
Des élus de tous bords, hors UDC, dénoncent le démantèlement des radios et TV publiques et privées qu'impliquerait l'initiative.

«Démantèlement du service public», «Milliers d'emplois supprimés», «Blochérisation» de la Suisse médiatique», les formules chocs se succèdent jeudi après-midi à la Maison de la communication, à Lausanne. Cinq élus romands de la majorité des partis pilonnent sans relâche l'initiative populaire «No Billag», qui sera soumise au vote le 4 mars prochain. Cette dernière demande carrément la suppression de la redevance radio-TV payée par les ménages. Elle coûte actuellement 451 francs par année et sera abaissée à 365 fr. dès 2019.
«L'initiative entraînera la disparition de l'ensemble des six chaînes TV concessionnées en Suisse romande que sont Canal Alpha, Canal 9, La Télé, Léman Bleu, RTS 1 et 2, ainsi que Telebielingue. Quant aux radios, 12 chaînes sont menacées, affirme la conseillère nationale Géraldine Marchand-Balet (PDC/VS). On se dirige vers un désert médiatique qui nuira à la qualité du débat démocratique.»
A ceux qui estiment que la redevance est trop élevée, le conseiller national Hugues Hiltpold (PLR/GE) leur répond que, au contraire, elle baissera pour les ménages et pour 84% des entreprises, notamment les petites. Il ne goûte guère la prise de position de l'USAM, qui, contrairement aux sections romandes, soutient l'initiative. «Son attitude manque d'élégance et relève d'un esprit revanchard.» Une allusion au fait que la faîtière des PME a perdu la votation sur le changement du système de perception de la redevance.
«Les radios et télévisions publiques et privées de Suisse romande ont signé une charte où elles s'engagent notamment à informer la population de manière honnête, impartiale et équilibrée»
La conseillère Adèle Thorens (Verts/VD) voit le service public en danger si l'initiative passe. «Les radios et télévisions publiques et privées de Suisse romande ont signé une charte où elles s'engagent notamment à informer la population de manière honnête, impartiale et équilibrée.» Elle craint une «berlusconisation» ou une «blochérisation» de l'information si les concessions sont dans le futur délivrées à l'encan. Les élus craignent même que les nouvelles suisses ne passent à la trappe si des grands groupes étrangers s'emparent des concessions radio-TV.
N'est-ce pas peindre le diable sur la muraille puisque les concessions délivrées par la Confédération contiennent un contrat de prestations? Le conseiller national Laurent Wehrli (PLR/VD) redoute dans ce cas une centralisation de l'information depuis Zurich. Les élus, soutenus par le patron de Paléo, Daniel Rossellat, fustigent également une saignée financière au détriment de la culture et du sport.
Coups violents en Suisse alémanique
Tout cela a poussé les acteurs à créer en Suisse romande une Association contre la disparition des radios et TV. Mais la bataille des ondes et de la redevance ne se déroule pas tellement de ce côté-ci de la Sarine. C'est en Suisse alémanique que les coups sont les plus violents. L'UDC, fâchée que son contre-projet pour une redevance limitée à 200 francs par année ait été torpillé au parlement, est en train de se rallier à l'initiative. Elle estime que c'est la seule façon de mettre un frein à l'expansion du «mammouth» SSR, qui reçoit chaque année 1,2 milliard de francs d'argent public.
Cette votation intervient dans un climat médiatique surchauffé. La presse privée est en plein marasme en raison de la chute des rentrées publicitaires. Et on assiste à des fusions toujours plus nombreuses de rédactions. Tamedia a lancé le mouvement et d'autres groupes s'apprêtent à suivre. Blocher, propriétaire de la Basler Zeitung, discute avec Lebrument, qui contrôle les médias grisons. La NZZ négocie, elle, avec le groupe argovien AZ.
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