Manque de personnel soignantLes efforts portent leurs fruits mais de gros défis demeurent
L’Observatoire suisse de la santé chiffre à plus de 70’000 le nombre de personnes qui seraient nécessaires pour la relève dans le secteur des soins d’ici 2029 en Suisse.

La situation dans le domaine du personnel de soins et d’accompagnement s’est améliorée depuis 2012. Mais les besoins restent énormes pour la décennie à venir. L’Observatoire suisse de la santé (OBSAN) chiffre à plus de 70’000 le nombre de personnes qui seraient nécessaires pour la relève d’ici 2029.
De 2012 à 2019, les effectifs du personnel de soins et d’accompagnement ont augmenté de 19%, soit plus de 29’000 emplois supplémentaires. Les besoins croissants de personnel traduisent l’accroissement de la demande en soins, poussée principalement par l’évolution démographique et épidémiologique, indique le dernier rapport national 2021 sur les futurs besoins de personnel de santé, publié lundi.
Partant d’un total de 185’600 personnes du domaine des soins et de l’accompagnement en 2019, les besoins de personnel pourraient, selon le scénario de référence, passer à 222’100 personnes à l’horizon 2029. Cela correspond à un besoin supplémentaire de 36’500 personnes.
Retraites et sorties précoces
La relève devra d’une part occuper ces postes supplémentaires et d’autre part combler les départs à la retraite et les sorties précoces de la profession, note l’OBSAN. Pour les soignants bénéficiant d’une formation ES et HES en soins infirmiers, les besoins sont estimés à 43’400 personnes. Dans le domaine des soins et de l’accompagnement du degré secondaire II (certificat fédéral de capacité), à 27’100 personnes.
Mais la relève effective à l’horizon 2029 dépend de plusieurs facteurs liés à la formation et aux trajectoires professionnelles des diplômés. Les auteurs partent de l’hypothèse que la relève disponible permettra de couvrir 67% des besoins en personnel infirmier et 80% dans le domaine des soins et de l’accompagnement.
Il subsiste donc un déficit notable entre l’offre attendue et les besoins. L’OBSAN table sur un renforcement continu de la formation. Entre 2012 et 2019, le nombre de diplômes décernés chaque année est passé d’environ 1800 à près de 3000 pour le degré ES/HES en soins infirmiers et de 4000 à presque 6200 pour le niveau secondaire II.
«Les efforts intensifs des dernières années portent leurs fruits», explique Anne-Geneviève Bütikofer, présidente de l’OdASanté et directrice de H+ Les Hôpitaux de Suisse. Le nombre d’admissions aux formations du domaine des soins confirme cette tendance positive aussi pour l’année en cours.
Personnel étranger
Aujourd’hui, ce sont en grande partie des personnes titulaires d’un diplôme étranger qui remédient à la pénurie. Leur part au sein de l’effectif en personnel infirmier est de 30% en moyenne et varie fortement selon les régions.
Si l’on parvient à accroître les effectifs en formation dans les proportions prévues, il devrait en théorie être possible de couvrir l’augmentation des besoins ainsi que les départs à la retraite jusqu’en 2029. L’écart projeté résulte donc principalement des sorties précoces de la profession.
Motiver le personnel à rester
C’est pourquoi des mesures visant à maintenir le personnel de santé doivent être associées à une hausse continue du nombre de titres délivrés. Il s’agit entre autres d’améliorer la conciliation entre vie professionnelle et privée. Des améliorations pourraient par ailleurs être réalisées dans le domaine de la planification du parcours professionnel, du développement professionnel et de la promotion de jeunes talents.
L’aménagement de conditions de travail favorables relève avant tout de la responsabilité des établissements, relève le rapport. La politique et les autorités sont néanmoins appelées à offrir des conditions-cadres adéquates et à assurer des moyens financiers suffisants.
Pour la première fois, ce rapport a été rédigé conjointement par l’Observatoire suisse de la santé (OBSAN), la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS) et l’organisation nationale faîtière du monde du travail en santé (OdASanté). C’est le troisième après ceux de 2009 et 2016.
ATS
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