PrécaritéLes dormeurs du dehors partagent le même sommeil, celui de la survie
Les tournées nocturnes conduisent les travailleurs sociaux à découvrir une souffrance humaine qui occupe plus que jamais les interstices de notre ville.

Cette ville en apparence dépeuplée, aux places et aux trottoirs déserts, fait un peu peur aux honnêtes gens qui la traversent le soir venu. «C’est flippant, dès la nuit tombée, on ne croise plus personne», lâche cette pendulaire à pied, vivant sur une rive, travaillant sur l’autre.
Vide de toute présence humaine, vraiment? Pas tant que ça. Dans les interstices urbains, l’exercice de survie se poursuit pour des dizaines d’individus, habitants du dehors, dormeurs à la belle étoile, sauf qu’on est toujours en hiver, que le sol reste glacé comme les aubes, que les températures jouent au yo-yo. Les 15 degrés de la mi-journée ne sont d’aucun secours pour celui qui bivouaque à l’année sous un pont humide.