Les conseils de Xi Jinping font saliver le tourisme suisse
«Quand on vient de Pékin, l'air pur qu'on trouve ici est formidable», dit Minyue Dong, une Chinoise installée en Suisse depuis 20 ans.

Six familles chinoises poseront leurs valises à Champéry en cette fin de semaine. Ski, gastronomie locale, bains thermaux, mais aussi shopping sur les bords du Léman et excursion à Lucerne: ces trente touristes passeront une à deux semaines en Suisse, tout en restant logés dans la station bas-valaisanne. «Nous voulons leur faire apprécier le style de vie suisse, avec des activités dans la nature, à un rythme tranquille», explique Minyue Dong, l'organisatrice de ce séjour.
On est loin des voyages éclair à travers l'Europe, durant lesquels de grands groupes de Chinois s'arrêtent à peine une nuit dans notre pays, montent à la Jungfrau, goûtent une fondue et repartent illico en direction de Milan ou de Paris. Fondatrice avec son mari de l'agence Suissechic, à Epalinges, Minyue Dong croit dur comme fer au pouvoir d'attraction de nos montagnes, été comme hiver. De nationalité chinoise, elle vit en Suisse romande depuis vingt ans. «Quand on vient de Pékin, l'air pur qu'on trouve ici est formidable», témoigne-t-elle.
La semaine dernière, c'est Xi Jinping en personne qui a délivré un message similaire à ses compatriotes. Le président chinois, en visite officielle à Berne et à Davos, a vanté les beautés de la Suisse et proclamé 2017 «année du tourisme». Propos et images ont été abondamment relayés par les médias de l'immense Empire du Milieu. De quoi doper le secteur touristique suisse? «Ce sera un plus indéniable, estime Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme. Mais nous devons agir vite pour en tirer parti.»
L'organisation nationale va donc intensifier ses activités promotionnelles en Chine, en créant plusieurs événements sur place. Le programme, en cours d'élaboration, comprend notamment la participation à une grande foire consacrée aux sports d'hiver. Au total, Suisse Tourisme a prévu d'investir cette année 3,9 millions de francs dans ses opérations de séduction sur le marché chinois. Soit 6,4% de son budget annuel de marketing. Ses représentations en Chine emploient dix personnes, chargées notamment de démarcher les tour-opérateurs locaux.
Clientèle aisée
La stratégie choisie? Cibler en priorité une clientèle aisée, qui connaît déjà l'Europe pour y être déjà venue au moins une fois, et qui rêve de s'offrir des vacances plus longues, en voyageant individuellement ou au sein d'un petit groupe. C'est précisément le créneau visé par Suissechic: «Nos débuts ont été assez difficiles, mais on sent que la demande augmente depuis deux ans», se réjouit Minyue Dong. Selon elle, la perspective des Jeux olympiques d'hiver de 2022 à Pékin a fait grimper l'intérêt de ses compatriotes pour les activités de glisse. «Mais seuls ceux qui ont des moyens importants peuvent venir en Europe pour skier. La classe moyenne reste en Chine ou va au Japon. C'est moins cher.»
A Champéry, on met les petits plats dans les grands pour accueillir au mieux ce petit monde et atténuer le choc culturel. Grâce à Suissechic, deux chefs chinois travaillent depuis quelques jours dans un restaurant de la station. Les touristes pourront ainsi retrouver les saveurs de leur pays. Par ailleurs, une traductrice sera à leur disposition. Et l'Office du tourisme facilitera leurs déplacements, promet son président, Jean-Philippe Borgeaud.
Un couple conquis
La station valaisanne récolte ainsi les premiers fruits d'un partenariat établi l'an dernier avec Minyue Dong. Une délégation s'est déjà rendue en Chine pour y amorcer divers projets. Prudent, Jean-Philippe Borgeaud admet que le marché asiatique ne supplantera pas de sitôt la clientèle suisse et européenne. «Mais avec le bouche-à-oreille, les choses peuvent aller assez vite, dit-il. Nous misons beaucoup sur notre situation géographique idéale.» Sophie Donnet, fondatrice d'une agence spécialisée dans les voyages haut de gamme, le confirme avec une anecdote: «Un couple de Chinois a séjourné dans le val d'Illiez l'été passé. Ils ont découvert les alpages, la fabrication du fromage, etc. Maintenant, ils rêvent d'y acheter un chalet!»
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