«Les Britanniques ne veulent pas militariser la société»
Pour David Galbreath, expert en sécurité, le Royaume-Uni va modifier à court terme seulement sa gestion du risque terroriste
Professeur de sécurité internationale à l'Université de Bath, David Galbreath analyse l'impact qu'aura l'attentat de Manchester sur les Britanniques et sur la manière dont les autorités vont réagir.
L'attentat de Manchester va-t-il faire évoluer la gestion de la menace terroriste des autorités britanniques?
Les autorités répondront au risque en augmentant les forces de sécurité déployées dans les espaces publics principaux à Londres et Manchester, sans doute aussi à Leeds et Birmingham. Comme dans les aéroports, on devrait voir plus de policiers armés de mitraillettes. C'est un vrai changement, car la grande majorité des policiers britanniques ne sont pas armés, ils disposent de matraques et de gaz. A court terme, le dispositif devrait néanmoins revenir à la normale car les Britanniques ne veulent pas d'une militarisation de la société.
Pourquoi? Comment expliquer la différence d'appréhension du risque terroriste en France et au Royaume-Uni?
Les Français utilisent une méthode dite «distribuée», où la présence policière est répartie de manière égale dans les villes. Elle vise plus à envoyer un signal aux terroristes qu'à protéger véritablement les citoyens en raison de la difficulté d'empêcher un acte individuel. Les Britanniques, eux, préfèrent une méthode dite «isolée», où les policiers sont moins apparents. Cela s'explique historiquement: la lutte contre le terrorisme au Royaume-Uni a surtout été gérée par l'armée et le service du renseignement, pas par la police. Or, l'armée cherche à disparaître dans le paysage, à faire profil bas pour tenter d'infiltrer les terroristes. Cette méthode a montré son efficacité contre l'IRA, l'armée républicaine irlandaise.
Il semble y avoir un appel des participants au concert de Manchester à plus de sécurité. La population britannique serait-elle prête à lâcher sa liberté pour plus de sécurité?
Oui, c'est l'impression qui ressort depuis quelque temps. Une question rejoint pourtant le point dont nous venons de parler: veulent-ils être plus en sécurité ou avoir l'impression de l'être? L'automatisation prendra dans le futur un rôle majeur dans la lutte contre le terrorisme. Que ce soit à travers des machines destinées à scanner les personnes, leurs sacs et l'air ambiant pour y déceler des particules d'explosifs. Des ordinateurs repéreront de potentiels terroristes en analysant leur démarche, leur comportement et leur interaction avec leur environnement – ce que les forces israéliennes étudient déjà. Le problème est que les gens ne verront pas ces machines et ne se sentiront donc pas plus en sécurité. A l'inverse, même si l'on installe plus de contrôles, il y aura toujours un goulot d'étranglement où les gens attendront en file. Ils sont alors des cibles faciles pour les terroristes.
Ce samedi, Londres accueillera la finale de la coupe d'Angleterre de football, mercredi la finale de la Ligue des champions entre la Juventus et le Real aura lieu à Cardiff. A quoi faut-il s'attendre?
La gestion de la sécurité lors des Jeux olympiques de Londres en 2012 a été un modèle du genre. Il est probable que les autorités vont accroître le nombre d'agents en civil chargés de surveiller les alentours des stades. L'objectif est pourtant de modifier le comportement général des spectateurs. La mise en place de quelques règles limitera la possibilité pour les terroristes de passer à travers les mailles du filet. Par exemple, en demandant aux gens de ne pas apporter de sac et de ne pas apporter de bouteilles d'eau, les files d'attente seront réduites et ceux qui porteront un sac seront aisément repérables.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.