Médiation culturelleLes bibliothèques municipales déménagent dans la rue
Coupés physiquement de leur public, les médiateurs des BM étoffent leur programmation en ligne par des actions menées dans l’espace public.

Certes, on peut toujours s’immiscer dans l’une de nos sept bibliothèques municipales (BM) le temps d’emprunter ou déposer un livre en vitesse. Encore heureux. Mais pour suivre le toujours inventif programme de médiation culturelle qui s’y déroule en temps normal, tintin. Depuis novembre, il faut se rabattre, comme partout, sur les alternatives accessibles en ligne, lesquelles sont loin de n’offrir du reste que des pis-aller. Podcasts et capsules vidéo, mais aussi tables rondes et ateliers participatifs fleurissent ainsi sur numeriquebm.ch, en assumant pleinement leur format digital. Mieux, en l’exploitant pour ce qu’il est, et pour ce qu’il chahute dans notre rapport au tangible.
Une année «dispa-rue»?
Cette année 2021, qu’elle finisse par renouer avec le présentiel ou qu’elle s’attarde sur les écrans, les médiateurs culturels des BM l’ont placée sous le signe paradoxal de la rue: provisoirement «dispa-rue» (pour reprendre un jeu de mots du texte de présentation), mais symboliquement indest-rue-ctible (pour y ajouter notre grain de sel). Désertée, et donc à investir. Sous l’intitulé «Fenêtre sur rue», toute une ribambelle de propositions se répartissent ainsi entre bitume virtuel et asphalte matériel. Sur ce dernier support, on peut par exemple participer depuis samedi à «Pare-brise en rimes», superbe trouvaille interactive qui invite tout un chacun à envoyer ses vers de prédilection (via le formulaire disponible sur le site), que les agents des BM s’empresseront d’aller glisser sous les essuie-glaces des voitures garées en ville. Sans omettre de partager sur les réseaux sociaux une photo de la contravention poétique. Plutôt que délesté, l’automobiliste se verra quant à lui gratifié d’un poème tombé du ciel.
Le projet Hyper-City se déploie lui aussi à cheval entre le numérique et le territoire, en reliant les sept succursales au gré d’un parcours à la fois physique – le promeneur y lit des panneaux accrochés aux arbres – et immersif – grâce aux récits audibles via les écouteurs de son smartphone. Le premier tronçon du circuit, qui explore les Rues-Basses autour de la Bibliothèque de la Cité, s’est inauguré ce week-end. Le curieux y sera guidé en tout temps au sein d’une luxuriante arborescence d’infos, d’anecdotes ou de références artistiques puisant au sol genevois – et lues par des comédiens du cru.
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