
Comme le nez au milieu de la figure, on ne voit qu’elles. Peu importe l’endroit où on se trouve dans le canton, les carrières du Salève marquent le paysage de leur empreinte. Celle-ci paraît indélébile aux Genevois, qui, à l’exception des plus âgés, n’ont jamais connu «leur» montagne autrement qu’avec cette plaie béante en son cœur.
Tôt ou tard, les carriers devront pourtant mettre la clé sous le paillasson et rendre le site aussi propre – en tout cas, on l’espère – qu’ils l’ont trouvé en arrivant, il y a près de deux cents ans.
Après des décennies où le «trou» dans le Salève continuait inlassablement de se creuser, il a enfin semblé qu’on se dirigeait vers la fin de l’exploitation du calcaire. En 2003, l’État français a renouvelé la concession pour trente ans, mais à condition que d’ici-là, le site soit complètement renaturé.
Rassurées par cette échéance, les autorités genevoises avaient donné un préavis positif à cette nouvelle autorisation d’exploiter. Ce devait être la der des ders.
Admirer un Salève
Mais aujourd’hui, les carriers sèment le doute. Douze ans avant l’expiration de leur concession actuelle, ils annoncent d’ores et déjà qu’ils ne comptent pas s’arrêter en 2033, et qu’il leur faudra plus de temps, d’une part pour extraire tout ce qu’il reste du gisement, et d’autre part pour renaturer complètement le site.
De combien d’années supplémentaires auront-ils besoin? Dix, vingt, trente? Ils ne le savent pas encore eux-mêmes, indiquant seulement que ce sera en tout cas plus que cinq ans. Dans ces conditions, on ne peut guère blâmer ceux qui ont l’impression que cela ne s’arrêtera jamais.
Ce qui est sûr, c’est que ni vous ni moi ne serons plus là pour admirer un Salève tel qu’il apparaissait sur les anciennes photos. Peut-être nos petits-enfants auront-ils cette chance un jour?
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L’éditorial – Les balafres du Salève s’éternisent
Peu importe l’endroit où on se trouve dans le canton, les carrières du Salève marquent le paysage de leur empreinte.