Lettre du jourLes balafres du Salève

Chêne-Bougeries, 7 septembre
Scandaleuses, les argumentations des patrons des carrières du Salève dans votre édition des 28-29 août.
Non seulement M. Chavaz annonce que le gisement des matériaux est plus important que prévu, donc justifiant une prolongation d’exploitation au-delà de 2033, mais dans la foulée il fait aussi pression sur le public et les décideurs en déclarant que si elle n’était que de trois ou cinq ans, il n’aura pas de quoi financer les mesures de renaturation.
Une forme de chantage, puisque celles-ci devaient être terminées en 2033 sur la base d’une exploitation arrêtée à cette échéance. Et là, dix-huit ans plus tard, après le premier prolongement de la concession en 2003, les carriers sont en retard.
En retard, pas pour extraire, c’est le plein boom, mais pour renaturer et revégétaliser le site.
Et, en bons communicants qu’ils sont, ils s’abritent derrière le mandat qui a été donné à des chercheurs de la Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève pour expérimenter différentes formes de remise en état qui sont loin d’être visibles avant longtemps. Quarante-cinq ans selon le professeur d’écologie végétale chargé de la réalisation du projet.
Est-ce que cette échéance serait l’hypothèse de la prolongation de la durée d’exploitation souhaitée par l’entreprise Chavaz-Descombes?
Côté roches, même topo sur les 3 hectares des 42 encore exploités, où elles ont été artificiellement vieillies et aspergées d’un colorant organique dont la probabilité de réussite reste incertaine et tout aussi tardive.
En fait, toutes ces mesures ressemblent à un grand leurre, comme l’a été il y a trente ans celui d’une grande entreprise de boissons gazéifiées US qui, pour éviter de passer de la bouteille en PET à celle en verre, inventait le grand ramassage de l’International Coastal Cleanup.
Une bonne conscience à bon compte qui rend les fous joyeux!
Léon Meynet
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