Au nom d’aumônier ils préfèrent celui d’accompagnant en spiritualité ou d’intervenant spirituel. Travaillant au chevet des malades, ces hommes et femmes de Dieu ont suivi l’évolution de l’attitude occidentale face aux questions existentielles: quel sens donnons-nous à notre vie? qu’est-ce qui nous attend après la mort? sont des interrogations qui remplacent fréquemment les certitudes de la foi. Aujourd’hui le monde est volontiers sans religion. La spiritualité pour beaucoup se passe de dieu. Qu’ils soient juifs, catholiques, protestants, orthodoxes ou musulmans, les aumôniers des HUG sont souvent accueillis dans leurs visites par: «Oh! moi, je ne suis pas croyant.» «Peu importe, répond Evelyne Oberson, aumônière catholique, car je privilégie une approche spirituelle au sens très large, quels que soient la religion et le background des gens.»
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Depuis un demi-siècle, à Genève et ailleurs, les religions abrahamiques se sont centrées sur la personne, sans négliger le texte ni la pratique religieuse. Et les aumôniers sont aux avant-postes. «Je n’entre jamais dans une chambre d’hôpital avec un coran sous le bras!» lance Dia Khadam al Jamé. «Si la religion s’invite dans la conversation, c’est toujours du fait du patient.»
Cette ouverture, loin du jugement, de la culpabilisation et du prosélytisme, rend le secours des aumôniers précieux pour les malades, surtout dans cette crise sanitaire qui les a cruellement coupés de leurs proches. Elle permet au Père Alexandre Sadkowski, orthodoxe, d’apporter un appui matériel à des familles endeuillées par le coronavirus. Et à Jérémy Dunon de venir en aide à un homme de 21 ans qui, déboussolé par la perte des liens qui comptent pour lui, voulait mettre fin à ses jours. «Notre tâche, résume l’aumônier protestant, est de retenir quelqu’un dans la vie, pas seulement de l’accompagner vers la mort, car notre force, c’est de croire à la vie après la mort.»
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L’éditorial – Les aumôniers placent l’homme au centre