20 ans du 11 SeptembreLes attentats le tirent de ses vacances en Corse
Quand les avions percutent les tours jumelles, Pierre Ruetschi, rédacteur en chef adjoint de la «Tribune de Genève», se trouve sur l’île de Beauté. Il rentre en urgence pour participer au travail colossal de la rédaction.

Le 11 septembre 2001, Pierre Ruetschi occupe le poste de rédacteur en chef adjoint de la «Tribune de Genève». Mais le 11 septembre 2001, il est surtout «au fin fond de la Corse», dans un camping coupé du monde. Le vacancier a les pieds dans le sable quand il reçoit un SMS. «C’était un collègue de la rédaction qui me disait qu’il se passait quelque chose d’incroyable aux États-Unis, que c’était la guerre», raconte l’ancien rédacteur en chef adjoint.
«Un collègue de la rédaction […] me disait qu’il se passait quelque chose d’incroyable aux États-Unis, que c’était la guerre!»
Il se précipite dans une paillote, au bout de la plage, et demande aux trois Corses s’ils n’ont pas entendu quelque chose à la radio. Les hommes haussent les épaules, semblent peu remués par les événements. «En fait, pour eux, ça ne changeait pas grand-chose, alors que moi, j’avais l’impression que le monde s’écroulait.» Premier choc.
Retour en urgence
Si les événements le touchent particulièrement c’est qu’il a été correspondant à Washington de 1995 à 2000. «J’ai ressenti une proximité avec cette situation. Les États-Unis ont été mon univers pendant cinq ans. J’avais encore un souvenir très vivant de ces deux tours.» Sur l’île de Beauté, Pierre Ruetschi se sent inutile et inactif. Alors il décide d’écourter ses vacances et arrive à la rédaction de la «Tribune de Genève» le mercredi 12 septembre, en fin d’après-midi.
«Tout le monde était en train de travailler sur la deuxième édition, celle du 13 septembre. Je me suis tout de suite impliqué dans celle-ci et les numéros qui ont suivi», raconte-t-il. Grâce à ses contacts américains, il se met rapidement au travail et peut déjà écrire sur les représailles prévues par le gouvernement de George W. Bush.
«Il faut relater les faits et essayer de les comprendre, ça fait partie de notre ADN.»
Le soir même, Pierre Ruetschi allume sa télévision. Deuxième choc. «Il faut comprendre que je n’avais pas vu une seule image filmée pendant environ vingt-quatre heures. Je n’ai jamais réussi à trouver une télévision en Corse et, si j’ai pu lire le journal à l’aéroport, je n’avais pas encore vu ces séquences qui avaient fait le tour du monde, avec ces personnes désespérées qui sautaient des fenêtres. J’étais effaré.»
Une ville en dépression
De cette période si particulière, et malgré la frustration de n’avoir pas été présent le jour des faits, l’ancien rédacteur en chef adjoint garde le souvenir d’une «formidable mobilisation» de la part des journalistes. «Dans ce genre de moments, les rédactions donnent le meilleur et réagissent de manière spectaculaire. Il faut relater les faits et essayer de les comprendre, ça fait partie de notre ADN.»
Le troisième choc arrivera quatre mois plus tard, en janvier 2002. Pour une enquête sur l’entrée de la Suisse à l’ONU, le journaliste se rend à New York. Il y découvre une ville profondément marquée. «J’avais le souvenir d’une ville bourrée d’énergie, pleine d’inattendus. Et je suis tombé dans une ville de dépression, encore complètement abattue.»
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