«Les artistes africains nous montrent la voie»
Avec African Artists for Development, Matthias Leridon défend une autre façon de concevoir le développement de l'Afrique.

Matthias Leridon voue une passion pour l'Afrique. Un choix assumé qui le conduit à sortir des sentiers battus en initiant des projets audacieux. Sa hantise? Qu'on le prenne pour un bobo parisien qui mène des actions philanthropiques sans lendemain pour briller dans les dîners en ville.
Le fondateur et président du cabinet de conseil en communication Tilder a créé en 2009, avec son épouse, African Artists for Development, qui soutient des projets de développement communautaire associés à des créations d'artistes contemporains. Chaque action portée par l'association, comme l'ouverture de bibliothèques par exemple, est associée à une démarche artistique locale pour que les populations concernées s'approprient bien le projet. Une approche qui rompt avec le paternalisme néocolonial qui sous-tend encore certains projets de développement.
Pour le communicant, il est impossible de dissocier culture et développement. Il ne partage pas du tout l'idée selon laquelle l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Matthias Leridon pense au contraire que le continent africain et l'homme africain ont une histoire passée, présente et future qui va sceller le sort de notre planète.
S'il croit au formidable potentiel de l'Afrique, c'est parce qu'il a décelé dans le travail des artistes africains contemporains une profondeur qui interroge notre humanité. Un constat partagé par les galeries d'art qui ne cessent de réviser à la hausse la cote des peintres et sculpteurs africains. Matthias Leridon est lui-même un grand collectionneur. C'est ce qui lui a donné l'idée d'organiser une exposition itinérante baptisée Lumières d'Afrique, qu'héberge pour quelques jours le Palais des Nations.
Pour la première fois dans l'histoire de l'art contemporain, 54 artistes venus de la totalité des Etats du continent africain présentent chacun une œuvre conçue à partir d'une même inspiration. Cette exposition itinérante a été présentée pour la première fois au Palais de Chaillot à Paris en novembre 2015. Tout un symbole. «C'est là que l'Assemblée générale de l'ONU a adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme le 10 décembre 1948», rappelle Matthias leridon.
Accueillir à présent cette exposition au Palais des Nations a du sens. «Elle évoque le renouveau des arts et de la philosophie de l'Afrique du XXIe siècle et souligne le rôle qu'aspire à tenir ce grand continent dans le concert mondial de l'humanité et de la création», insiste le fondateur d'African Artists for Development. Le nom choisi pour cette exposition, Lumières d'Afrique, est à double sens. L'homme de communication n'est jamais très loin. Farouche partisan de l'accord de Paris sur le climat (COP21), Matthias Leridon estime qu'il est temps de donner à l'Afrique les moyens de gagner son autonomie énergétique. «Cette exposition est aussi un engagement artistique qui rappelle le formidable enjeu d'avenir que constitue l'accès à l'énergie pour le continent africain. Une grande partie de ses citoyens reste en effet encore privée d'électricité, ce qui freine très fortement la croissance et le développement», explique-t-il.
Malala Andrialavidrazana (Madagascar), Naziha Arebi (Libye), Nu Barreto (Guinée-Bissau), Jamila Lamrani (Maroc), Teddy Mazina (Burundi), Hassan Musa (Soudan), Nyaba Ouedraogo (Burkina Faso) et Amina Zoubir (Algérie) sont quelques-uns des artistes connus associés à cette exposition. Qu'ils soient peintres, sculpteurs, photographes ou encore vidéastes, tous portent une vision complexe et nuancée de l'Afrique. Leur rendu est vivifiant, parfois porteur de craintes mais surtout d'espoir. «La confiance de ces artistes dans l'avenir doit tous nous interpeller et nous faire prendre conscience que l'électrification du continent est une priorité», insiste Matthias Leridon, qui sera présent ce lundi à Genève pour l'inauguration de cette exposition.
Du 13 au 31 mars
L'exposition Lumières d'Afrique, présentée en 2015 à Paris au Théâtre national de Chaillot, en 2016 à Abidjan, en Côte d'Ivoire, puis début 2017 à Dakar au Sénégal, est présentée au Palais des Nations, du 13 au 31 mars 2017 en partenariat avec l'Organisation internationale de la francophonie et l'Union africaine.
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