Que vaut la saison 2?Les aristos de Bridgerton se relancent
Moins de sexe, plus de romance… mais le fric décide toujours dans le feuilleton phare de la plateforme Netflix.

Figurez-vous parmi les 82 millions de courtisans à fréquenter les salons des Bridgerton? Alors accrochez-vous, la productrice américaine Shonda Rhimes vient de lancer la deuxième de huit fournées prévues. Calée sur un cycle littéraire cucul la praline (Éd. J’ai lu), la saga froufroute dans le Londres de la Régence (1811-1820), dotée d’un roman par rejeton Bridgerton. Quatre garçons, quatre filles, argentés et tous bons à marier: Netflix n’a pas fini de publier les bans.
D’ailleurs, ça lasse déjà un peu. La romancière Julia Quinn n’a pas les orgueils de Jane Austen, ni les préjugés d’Anthony Trollope. Et si Shonda Rhimes, habile à pimper tout ça, soigne la modernité inclusive, elle se montre cette fois plus frileuse sur les entrechats sexuels qui enchantaient par leur audace. Au démarrage en tout cas.

Faut-il y voir l’absence de Regé-Jean Page, qui a abandonné le rôle du duc de Hastings? Splendide étalon de l’ouverture d’esprit de la série, ce Simon qui enseignait l’onanisme aux donzelles de la cour, incarnait la brise vivifiante sur ces séries historiques souvent momifiées. Cette fois, l’aîné de la fratrie Bridgerton concentre l’attention, plus fade idéal victorien.
Même si les sœurs Kate et Edwina viennent colorer la partition, délicieuses créatures des Indes, exotiques en diable et fort pourvues. L’aînée n’aime guère ce vicomte Anthony qui veut convoler pour sauver les finances de sa famille et vous voyez déjà comment tout cela finira. Qu’importe, qu’il s’agisse pour l’un des Bridgerton, d’entrer à l’Académie des beaux-arts, pour l’une qui s’entiche d’un ouvrier, ici, seul la fortune importe.
«Chronique des Bridgerton», saisons 1 et 2 sur Netflix.
Au 19e s., le fric stigmatise, plus que les coucheries. D’ailleurs Julian Fellowes, auteur de la série «Downton Abbey», empoigne le même cheval de bataille dans «The Gilded Age» – littéralement, l’âge d’or. Alors que le dernier épisode de la 2e saison de «Chronique des Bridgerton» se termine sur une soirée «tout en or», la conclusion est identique dans «The Gilded Age». A croire que les créateurs s’espionnent, comme la fameuse Mrs Whistledown
La salle de bal des Russell dans le New York huppé des descendants du Mayflower vient de fermer sur sa première saison chez OCS. La roturière richissime a mis les snobs à ses pieds, son banquier de mari achetant faveurs et prétendants. L’argent, c’est aussi ce qui lubrifie le «Windsor business», cet art de vendre la cour d’Angleterre à la sauce pipole.
Dimanche, Lady Di, défunte princesse du peuple ressuscitée par Kristen Stewart dans «Spencer», sera peut-être couronnée d’un oscar tout doré. Une première pour Amazon Prime Video. CLEKate (l’Anglaise d’origine indienne Ashley Simone) ébranle le vicomte Bridgerton.

Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres!
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